« Alors Nathéan. Encore une fois coller ? C’est le paternel qui va être content ! » Je relève la tête et jette un regard noir à mes frères. Ils sont là tous les deux et me regarde en riant. Je suis rentré du Lycée avec deux heures de retard puisque comme ils l’ont si bien deviné je me suis fait coller. Pour la deuxième fois en une semaine. En même temps… Je ne supporte plus cette école privée que l’on fréquente. Pour eux je suis un Hemmings et je dois me comporter comme tel. Sauf que je ne supporte plus cette autorité, les manières de riches et tout le reste. Oui  je suis un Hemmings, mais je ne l’ai pas choisi. Je voudrais juste être un gamin comme les autres, pas l’héritier d’une immense fortune et d’un royaume immobilier plus grand que la France. Je m’en fiche de tout cela. Sauf qu’encore une fois on m’impose la vie que je dois vivre. Mon père à décider que je prendrais la tête de sa compagnie avec mes frères. Eux ils ont accepté sans broncher. Moi ? Et bien moi je ne veux pas. Je veux voyager, je veux faire de la musique, j’aimerais bosser dans la mode. J’ai des rêves d’avenir totalement différent de ceux de ma famille et mes frères l’ont bien compris. Il ne faudra que deux minutes à Maël pour courir vers papa et lui annoncer que j’ai encore été collé. « LOUIS NATHEAN HEMMINGS. DANS MON BUREAU. TOUT DE SUITE ! » Je déteste quand il m’appelle comme cela, quand il déballe tous les prénoms qu’ils ont pu me donner à ma naissance. Je le déteste. Parce que mon père ne s’occupe jamais de moi. Mes parents ne sont jamais occuper de nous. Comme tous les gosses de riches nous avons été élevés par des nourrices. Nola s’occupait de moi toute la journée, c’était une très veille dame et elle est mort quand j’avais seulement onze ans. Depuis je me débrouille tout seul et je ne compte plus sur ma famille et ce soir mon père va me prouver que de toute façon je n’ai jamais fait parti de la famille. J’arrive dans son bureau, tête baisser… Je n’entends pratiquement pas ce qu’il me dit. Je ne veux pas l’écouter de toute façon. Je m’en fiche. Il continue, il hurle, il me met même une gifle et cette fois je réagis. « Ne me touche pas ! » Je le repousse et il hurle encore. « Nathéan si tu ne rentre pas dans le rang tout de suite… » Je ne le laisse même pas terminer sa phrase. « Plus besoin de me menacer, je m’en vais ! »

J’ai errer pendant des jours après cela. J’ai agis sur un coup de tête, mais je ne supportais plus ma famille. Je n’en pouvais plus de vivre avec eux. De devoir être parfait à toutes les heures du jour ou de la nuit. Je n’en pouvais plus. Je ne voulais plus être le parfait petit garçon, avec le parfait costume et le sourire parfait. J’ai juste craqué. J’ai vécu quelques temps chez mon meilleur ami et puis j’ai finis par déménager chez ma cousine. Plùm-Ann n’est pas comme les autres. Elle a aussi de l’argent, mais elle ne vit pas selon une étiquette, bien au contraire. Elle m’a montré que la vie pouvait être bien plus amusante, que l’on pouvait profiter. Pendant deux ans elle m’a aidé à me sortir les horribles idées que mon père avait réussi à implanter dans mon esprit. Parce que malgré tout, j’avais échoué. Je n’avais pas été le fils parfait. Mais j’ai gagné ma liberté et c’est tout ce qui comptait. J’étais libre. Enfin !

J’ai mal à la tête et la gorge sèche aussi. Je ronchonne un peu et finis par ouvrir les yeux. La  lumière m’éblouis. Je suis dans une pièce blanche. Totalement blanche avec un bip régulier autour de moi. Pourtant j’étais au boulot tout à l’heure. Rien d’exceptionnel, je suis vendeur dans une boutique de vêtements, mais c’est un job comme un autre. Enfin. Pourquoi je suis ici. J’ai l’impression d’être lourd et faible en même temps. Quand je tourne la tête un médecin entre dans la pièce. « A monsieur Hemmings, vous revoilà parmi nous. » Je lui offre un petit sourire et tente de me relever dans mon lit, mais c’est peine perdu. J’allais ouvrir la bouche pour le questionner, mais l’homme est plus rapide que moi. « Vous avez fait un petit malaise sur votre lieu de travail. Ce genre de chose vous est déjà arrivé ? » « Parfois oui… » J’ai toujours eu une santé plutôt fragile. Quand j’étais enfant Nola me couvrait toujours de trop l’hiver pour que je ne sois pas malade. Au Lycée, j’avais toujours des vertiges. Je pensais juste parce que j’étais trop maigre ou parce que je fume de manière régulière. Je me suis jamais vraiment inquiéter. J’ai vingt ans, je pète la forme. Enfin… C’est ce que je croyais. « Ecoutez jeune homme… Vous avez de la famille avec qui je pourrais parler ? » « Non je suis tout seul. » Oui j’ai finis par quitter l’appartement de ma cousine. J’avais besoin de mon indépendance. Depuis que je gagne ma vie, je me suis trouver un petit appartement à la Rosehaie et je suis très bien comme ça. Le médecin semble surpris, mais n’ajoute rien. « D’accord… Monsieur Hemmings votre employeur nous as dit que vous aviez souvent des vertiges et vous êtes resté inconscient un bon moment alors je me suis permis de vous faire quelques examens et… Il s’avère que vous avez une malformation cardiaque. Cela devait être minime auparavant, mais il semblerait que cela devienne désormais assez important. » Il aurait pu me gifler que j’aurais eu la même réaction. Je reste bouche bée face à lui. Une malformation cardiaque, à vingt ans. Il m’explique que mon cœur vieilli bien plus vite que moi. Génial… Mais ce que je n’oublierais jamais c’est le discours qui a suivi. « Vous allez devoir faire attention toute votre vie. Je sais que c’est compliquer, surtout que vous êtes jeune, mais… Plus de sport, plus de cigarette, plus d’efforts conséquents. Sinon vous allez continuez à avoir des malaises et un jour ce sera la crise cardiaque, malheureusement… » Ces paroles ce sont répéter dans ma tête pendant des jours après ma sortie de l’hôpital. Encore et encore. J’ai vingt ans et je suis en quelque sorte déjà condamner.

Assis dans le bureau de Sven, je n’ose même pas lever les yeux vers lui. Je sais qu’il est énervé. Il m’a donné ma chance, il m’a pris dans son réseau d’escort alors qu’il n’avait jamais accepté un homme, il m’a aidé pour arrondir mes fins de mois et je ne cesse de le décevoir. « Nathéan t’as fait un malaise après avoir monté dix marches. Qu’est-ce qui t’arrive bordel ? » Et oui… La femme à qui je tenais compagnie hier soir avait voulu aller au théâtre. J’avais mis mon beau costume, j’avais soigné mes bouclettes et tout le reste. Mais il a fallut monter deux étages à pied et mon cœur n’as pas tenu le choc. J’ai essayé de rester sur pied, mais une fois assis, j’ai senti mon corps partir. Après je ne me souviens de rien. « C’est pas la première fois qu’on me dit que tu n’es pas en bonne santé. Ca va pas pouvoir continuer gamin. » « Non Sven sérieux… J’ai besoin de cet argent. » Parce que je ne suis pas devenu escort pour le plaisir. J’avais tout de suite mis les choses aux clairs avec Sven. Je ne coucherais pas avec ses clientes. Alors au final, je sers juste de compagnon d’un soir à des femmes. Pour les sortir parce qu’elles se sentent seule alors que leur mari parcours le monde. Un ancien gosse de riche ce fait payer par des riches. C’est un véritable paradoxe, mais bon… J’arrive à vivre plus ou moins correctement comme cela. « Je te donne une dernière chance petit. » Dieu merci.

Ma vie ne ressemble plus à rien. J’étais heureux de ma liberté. Je le suis toujours. Mais j’ai l’impression de ne pas avoir donné de chance à mes rêves. C’est comme si mon père arrivait encore à gagner sur ma vie. Je ne sais pas. Je ne me sens pas pleinement heureux. Heureusement il y a Plùm-Ann. Elle est la seule sur laquelle je peux réellement compter. Elle m’a fait comprendre que je devais vivre pour moi. Elle m’a longuement rassuré quand j’ai finis par comprendre que j’étais attiré par les  hommes. Ma cousine est ma sauveuse réellement. Pourtant elle ne peut me contenir bien longtemps. J’ai vingt-trois ans. Je devrais faire attention à ma santé. Pourtant… Je continue à fumer, je vais même courir de temps en temps, je mange gras, je prends mon traitement quand l’idée me vient. Je ne fais rien pour préserver mon cœur.

« Monsieur Hemmings. Troisième fois en deux semaines. Vous cherchez à battre un record. » Oh non pas lui. J’ai de nouveau fait un malaise. En pleine rue cette fois. Je ne faisais rien de particulier, je marchais et puis j’ai commencé à avoir une douleur dans la poitrine, cinq minutes après je m’écroulais. En ce moment, je n’ai plus assez d’argent pour payer mon traitement alors je fais sans, mais visiblement ça ne me réussi pas. Et pour la troisième fois, c’est un interne qui s’occupe de moi. Je crois qu’il commence à en avoir marre de moi dans cet hôpital alors il m’envoi le petit étudiant. Il m’énerve, mais je ne peux m’empêcher de lever les yeux pour croiser son regard juste un instant. Ses yeux bleus perçant qui on manquer de me faire une autre attaque la première fois où je l’ai vu. « Promis cette fois j’ai rien fait de mal. Je marchais dans la rue. » Il lève les yeux au ciel et écris quelque chose dans mon dossier. Je sais qu’il s’appelle Pryam, j’ai entendu un de ses collègues l’appeler comme cela un jour. Il à l’air plutôt doué dans ce qu’il fait, mais il m’énerve. Il est toujours derrière moi quand je viens ici. Tout le temps à me donner des conseils. Tiens voilà qu’il recommence. « Il faut que vous fassiez attention à vous Nathéan. » « Oh mais on m’appelle par mon prénom maintenant. On devient intime ? » Je crois que ma question le déstabilise puisqu’il ne me répond pas. « Prenez votre traitement et restez en vie ! »

Aujourd’hui il fait beau à Londres et j’ai décidé d’aller faire un peu de skate dans le parc. Je sais que je n’ai pas le doit à cause de mon cœur, mais je m’en fiche. J’ai juste envie de profiter du beau temps. Mes écouteurs sur les oreilles, je me joins aux autres jeunes pour faire quelques figures. C’est marrant. Hier soir j’étais en costume et nœud papillon pour accompagner une femme à l’opéra. Aujourd’hui je suis en jean troué, débardeur et avec un bonnet pour cacher mes cheveux bouclés. Je m’éclate. Je ne pense pas à ma maladie. De toute façon je ne suis pas malade. Vraiment je profite. Jusqu’à ce que je sente une main me rattraper en vol. Je me retrouve alors nez à nez avec mon médecin. « Non mais ça va pas de faire du skate dans ton état. » Oh il me tutoie maintenant ? Je fronce les sourcils. De quel droit il m’engueule ? « Mais vous vous prenez pour qui ? Je fais ce que je veux de ma vie ! » La dernière fois que je suis venu, je crois qu’il  a compris. Il a vu que je n’avais pas tout le temps assez d’argent pour payer mon traitement qui est très cher. Il a compris que je n’acceptais pas ma malformation. Je crois que je l’ai trop laissé me cerner et je n’aime pas cela. Et puis pourquoi est-ce qu’il est aussi beau aussi. Il me perturbe autant qu’il m’énerve. « Tu veux mourir Nathéan ? » Je hausse les épaules en baissant la tête. « C’est plus facile parfois non ? » Je vois bien que je viens de lui faire peur, mais je m’en fiche. Rien ne va correctement en ce moment, je voulais juste faire du skate. Je voulais me vider l’esprit. « Je pourrais t’aider tu sais. Pour avoir ton traitement, pour que tu puisses tout de même avoir une vie normale. » « J’ai pas besoin de votre aide. Foutez-moi la paix. »

Trois semaines après je me retrouvais encore à l’hôpital. J’avais pris froid à cause de la pluie incessante de ses derniers jours et il semblerait que mon petit cœur n’est pas supporter la fatigue et la fièvre. Alors j’étais de retour dans cet hôpital et une fois encore on m’a envoyé Pryam. Quand je le vois arriver dans ma chambre, je me relève bien rapidement. « On évite les discours. J’ai juste pris froid. Donnez-moi votre ordonnance et sortez. » Je ne supporte plus qu’il fasse autant attention à moi. Je voudrais qu’il me laisse tranquille. Plus il s’occupe de moi, plus j’ai envie de le voir et moins ça en devient sain. Pour la première fois de ma vie, j’ai l’impression que quelqu’un s’inquiète vraiment pour moi. Mais je sais que je vais finir par être déçu, que quand j’irais mieux il me laissera tomber. Je suis juste un cas rare pour lui. Juste un gamin de vingt-trois ans avec le cœur d’un vieux de soixante-dix ans. Un cas d’école. Pourquoi il ferait attention à moi sinon ? Je n’ai rien d’intéressant. Je suis malade, je suis pauvre, je suis même obliger de vendre mes services pour pouvoir vivre correctement. Mon père avait raison je suis un raté. Un raté amoureux de son médecin…