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 GAÏA - « game over »

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Gaïa K. Applewood
▲ I'm Gaïa K. Applewood

goldencat
LETTRES D'AMOUR : 359
DATE D'ARRIVEE : 12/05/2014
AVATAR : MARLOES HORST
ÂGE DU PERSONNAGE : 26 ANS
JOB, ETUDES : JEUNE AVOCATE
.. .. https://rose-hip.forumactif.org/t17-gaia-game-over..

Feuille de personnage
EVERYTHING ABOUT ME & MY LIFE :
MES AUTRES VISAGES: Aucun.
DISPONIBILITÉ POUR RP : 1/3 RP libre.

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MessageSujet: GAÏA - « game over » GAÏA - « game over » EmptyDim 25 Mai - 15:56




Gaïa Khâa Applewood

« Goldencats - Marloes Horst »

Vos premiers pas à Rose Hip


Nom : Applewood.

Prénom(s) : Gaïa, Khâa.

Âge : 26 ans.

Date de naissance : 14 février 1988.

Lieu de naissance : Rose Hip, Angleterre.

Nationalité : Anglaise.

Situation sociale : Haute bourgeoisie.

Sexualité : Hétérosexuelle.

Vie amoureuse : Célibataire.

Emploi, études : Avocate depuis peu.

Ancienneté à Rose Hip : Depuis toujours. Mais officiellement, le retour date d'il y a 4 ans.
Pourquoi avez-vous décidé de venir vivre à Rose Hip ? Je n'ai pas vraiment décidé de venir y vivre. Je n'ai pas eu le choix, voilà qui sonne mieux, mais je ne m'en plains pas. Je ne savais rien de Rose Hip jusqu'à ce que mon père ne décède. J'ai grandi loin d'ici, bien que j'y ai vu le jour -du moins, c'est ce que l'on prétend. Lorsque la nouvelle de son trépas nous a atteints, Héraklion et moi, nous avons quitté notre charmante vie à Oxford pour prendre possession de notre héritage. Mais finalement, je dois admettre que je ne suis pas déçue par ce que j'ai trouvé ici. Visiblement, Père était quelqu'un d'influent et même si je ne l'ai jamais connu, je ne peux que le remercier pour tout ce qu'il a laissé derrière lui. Voici déjà quatre ans que je suis de retour ici, c'est un retour aux sources, si l'on veut. J'avais maintes fois entendu murmurer des choses à propos de Rose Hip. Comme quoi on ne peut jamais la fuir ou la quitter pour toujours lorsque nos racines s'y trouvent. Je suis la preuve tangible que c'est vrai.
Que pensez-vous de la Rosehaie, en toute honnêteté ? Vous posez cette question à une femme qui n'a connu que l'or, les diamants et les paillettes depuis le berceau. Même si je n'ai pas grandi aux côtés de mon père, j'ai baigné dans la richesse de la famille Applewood. C'est bien plus qu'une façon de vivre, c'est un souffle de vie. Alors si on me demande à moi, de donner un avis sur la Rosehaie... Je ne suis à Rose Hip que depuis quatre ans. Par conséquent, j'ai connu le bourg avec la cité. Mais je dois être honnête, alors je dirai la vérité : je déteste ces gens, je méprise leur pauvreté, j'exècre leur manque de valeurs. Ils sont sales, vulgaires, illettrés, complètement pervertis. Oh, oui, peut-être que leur vie est difficile. Mais je pense qu'on a toujours moyen de se sortir d'une situation déplaisante si on le veut vraiment. Et à les voir se complaire dans leur misère, je doute fort que ces gens aient un quelconque mental. Moins je les croise, mieux je me porte.
Comment vous définiriez-vous ? Il est bien difficile de se présenter soi-même. Je risque de manquer d'objectivité, mais je vais jouer quand même. J'aime les défis. J'aime tout ce qui peut donner un nouveau but à ma vie, et plus que tout, j'aime repousser mes limites. Je ne suis pas le genre de femme qui se laisse marcher sur les pieds, au contraire. Etant donné mon aisance sociale et mon éducation, j'ai l'habitude de me faire obéir au doigt et à l’œil. Je déteste avoir tort, mais je déteste encore plus les gens qui ne veulent pas avouer que j'ai raison. C'est épuisant. Je n'ai aucune honte à vous le dire, je suis insupportable. Beaucoup trop exigeante, perfectionniste, éternelle insatisfaite. Je pourrai avoir tous les hommes de la planète que ça n'irait toujours pas. Ils m'ennuient, tous autant qu'ils sont. Et de toute façon, je n'ai pas de temps à leur consacrer, puisque je dévoue tout à ma carrière. Je suis une femme de pouvoir et je tiens à le rester. Je suis également une violoniste de renom, et je ne pourrai pas envisager ma vie sans la musique. Heureusement, je n'ai aucune limite financière et je peux m'offrir tout ce dont je rêve, tant en matière de violon que de confort de vie. Les Applewood sont une grosse famille fortunée, et il faut croire que ce n'est pas un nom que l'on se contente de murmurer à Rose Hip. Mon père et ma mère étaient de véritables saints par ici. Je me retrouve adulée, et j'adore cela. Sous mes allures sages et bienséantes, je peux être une véritable furie. Jalouse, possessive, c'est presque maladif. Je déteste que l'on me vole mes jouets, et je peux être bien plus perfide que vous ne le pensez pour asseoir ma suprématie. Peu m'importe que l'on me juge ou que l'on me critique ; au fond, chacun ne rêve que d'une seule chose. Que je lui accorde un peu de ma précieuse attention, que je le nappe de mon or et de mon prestige. Il est drôle de voir comme l'être humain peut se rabaisser pour un peu d'argent, non ? Et moi, j'adore en jouer. J'aime faire souffrir, j'aime contrôler, j'aime dominer. Mais à en croire une vieillie amie de Père, je n'agis en princesse démoniaque que pour oublier quelque chose de traumatisant. Selon elle, je détiens une âme pure capable de bonté et de générosité, hélas noircie par le passé. Franchement, je ne vois pas de quoi elle veut parler.


qui se cache là-dessous ?


Pseudo : skullcandy.

Identité : Si je ne me trompe pas, je suis une lionne cornue. A vérifier toutefois, ce n'est pas clairement démontré.

Âge : 22 ans.

Personnage : Totalement née de mon invention. Ce qui explique qu'elle ne soit pas tout-à-fait nette.
Découverte du forum : Un jour, j'ai cliqué sur "Créer un Forum", et pouf. Ca a fait Rose Hip \o/.

Fréquence de connexion : Je serai là tous les jours sans faute, à moins qu'il y ait un gros pépin (mais je touche du bois, aha).

Votre avis sur Rose Hip : Je suis très fière de ce qu'on a fait, alors j'espère qu'il vous plaira GAÏA - « game over » 2639794762


Gaïa K. Applewood
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MessageSujet: Re: GAÏA - « game over » GAÏA - « game over » EmptyDim 25 Mai - 15:56


L'histoire de votre -fabuleuse- existence

CHAPITRE 1.

Quel genre de vie aimeriez-vous mener, si on vous laissait le choix ? Seriez-vous plutôt proche de votre famille, ou feriez-vous tout votre possible pour prendre votre envol et vivre par vous-mêmes ? Je vous pose la question parce qu’on ne m’a personnellement pas laissé le choix. Je n’ai jamais connu mes parents, pour être exacte. Je les ai cependant imaginés des milliers de fois, sans jamais parvenir à leur donner un visage. Je sais très bien pourquoi les choses se sont déroulées ainsi. Je sais aussi que je n’y suis pour rien et pourtant, je ne peux m’empêcher d’éprouver une culpabilité grandissante. Sûrement parce qu’il est aujourd’hui trop tard pour le regarder droit dans les yeux et lui dire que je ne l’ai pas tuée. Que nous ne l’avons pas tuée.

14 février 1988, 22h30.
« Je suis désolé, Monsieur. Nous n’avons rien pu faire. » La mine sombre, l’homme qui se targuait d’être l’obstétricien le plus compétent de sa génération dévisageait celui qui, quelques heures plus tôt, lui avait promis des millions. Si seulement il pouvait la sauver. Les lèvres serrées, Monsieur ne pipa mot. Il n’en aurait de toute façon pas trouvé assez pour épancher sa douleur et remettre ce maudit médecin à sa place. Il le congédia d’un geste las de la main, puis fit pivoter son fauteuil en direction de la fenêtre. La nuit était tombée depuis longtemps et la douce lumière lunaire baignait le jardin du manoir. Rose Hip semblait endormie. Pourtant, la demeure entière avait presque tremblé sous les cris voilà peu de temps. Mais personne n’avait entendu, sauf lui. Les yeux fixés sur le grand pin qui faisait face à son bureau, il ne trouvait pas même la force de pleurer. On lui avait arraché ce qu’il avait de plus précieux sur Terre. Sa femme. Ils s’étaient rencontrés à l’Université de Harvard, où tous les deux avaient brillamment réussi leurs études de droit. Dire que cela avait commencé par un coup de foudre est un euphémisme. Monsieur avait voué tout son être à sa moitié, à sa douce Iphigénie. Ensemble, ils étaient venus s’installer à Rose Hip, où la lignée Applewood avait toujours vécu. Et voici qu’à présent elle était partie. Soudain, une vague sourde de colère l’envahit. Il se leva d’un bond, se retourna, et débarrassa son bureau d’un geste violent. Les feuilles s’envolèrent, le cadre se brisa au sol, l’encre se répandit sur le bois d’ébène. Du noir sur du noir. Exactement ce qu’allait devenir sa vie. Tel un automate, il se dirigea vers la porte qu’il ouvrit à la volée. Dans le couloir baigné d’une lueur blafarde, il manqua trébucher et se retint de justesse au mur. Un grondement sourd montait dans sa gorge, mélange de sanglots et de rage incontrôlable. Il gravit les escaliers de marbre et atteint le palier supérieur hors d’haleine. Finalement, sa main se posa sur la poignée de la porte de la nurserie. Il ferma les yeux, tentant de maîtriser le feu violent qui menaçait de le submerger. C’était de leur faute à eux. Ils l’avaient prise, ils l’avaient emmenée loin de lui. Pourtant, Dieu savait comme il avait fait de son mieux pour prendre soin d’elle durant ces neufs mois difficiles. Iphigénie avait eu une grossesse délicate, mais elle avait tenu à donner naissance à leurs enfants chez eux. Des jumeaux. Des jumeaux maudits, des jumeaux qui, en prenant le premier souffle de vie, avaient volé le dernier de leur mère. Il entra dans la pièce sans un bruit. Il faisait trop sombre pour y voir clair, mais il n’en avait pas besoin. En quelques secondes, il se retrouva devant les deux berceaux. Ils dormaient. Il resta longtemps ainsi, à fixer ses deux enfants dans le noir. Il ne distinguait que leurs petits crânes et les entendait couiner par moments. La réalité s’imposa brutalement à lui. Il ne pourrait pas supporter de les voir chaque jour dans sa maison. Il ne pourrait pas vivre en se rappelant qu’ils avaient tué leur mère. Alors qu’il avançait une main vers le nourrisson le plus proche, la prote de la nurserie s’ouvrit. La silhouette de la nourrice se découpa nettement l’ouverture. « Monsieur… » Il l’interrompit d’un geste. Après un dernier regard aux jumeaux, il s’en alla à la rencontre de la bonne femme, le pas nerveux et lourd. « Je veux que vous les emmeniez. Loin d’ici. Je ne veux pas les voir, vous m’entendez ? Faites-en ce que vous voulez. Ils ne sont pas à moi. Je n’en veux pas. » Et il s’en fut.

Les jumeaux Applewood furent, selon la volonté de leur père, emmenés loin de Rose Hip. Ils furent accueillis par la sœur d’Iphigénie, Gladys, qui vivait à cette époque-là à Oxford. Anéantie par le décès de sa sœur, celle-ci se dévoua corps et âme aux jumeaux. C’était ce qu’aurait voulu sa défunte sœur, elle le savait. Elle aurait aimé ses enfants plus que tout au monde. Bien qu’elle ne comprit jamais la décision de son beau-frère, Gladys les éleva comme s’ils étaient les siens. Elle ne manquait de rien, de toute façon. Bien que l’essentiel de la fortune fût placée chez les Applewood, sa propre famille à elle n’avait jamais eu de problèmes financiers. Et puis elle n’avait ni mari, ni enfants. Aussi offrit-elle à Gaïa et à Héraklion Applewood tout ce qu’elle avait : richesse, opulence, amour, savoir. Elle ne leur cacha jamais la vérité, et les enfants ne cherchèrent pas non plus à connaître davantage leur père. Ils n’eurent d’ailleurs jamais de nouvelle de lui. Oh, oui, ils connaissaient leurs origines et se savaient futurs héritiers d’un empire colossal. Bien qu’il ait refusé de les éduquer, Monsieur les avait reconnus sur le ventre. Aussi vécurent-ils cachés, inconnus du monde entier, sans père mais avec une presque-mère.

Chapitre 2.

N’allez pas croire que j’ai eu une enfance difficile, ou que j’ai toujours souffert de l’absence de mes parents. C’est faux. J’ai reçu tout l’amour du monde et à mes yeux, ma tante était ma mère. Le fait de ne pas avoir de père ne m’a jamais vraiment dérangée, à vrai dire. Evidemment, j’ai rapidement réalisé que mon frère et moi manquions d’une autorité masculine. Nous avons grandi dans le luxe et personne ne nous a jamais dit non. Tout ce que nous voulions, nous l’avions. Gladys a veillé à ce que l’on ne manque de rien, et c’est ainsi que nous avons pris l’habitude d’être servis, obéis. D’aussi loin que je me souvienne, Héraklion et moi n’avons pas eu d’amis. Nous nous suffisions. Toujours ensemble, il ne se passait pas un moment où nous faisions bande à part. D’ailleurs, je crois que nous dormions toujours ensemble à seize ans, collés comme des peluches. Je n’ai jamais vu ou ressenti quelque chose de mauvais en mon frère. A mes yeux, il est mon tout, il est parfait. J’ignore si c’est de ma faute qu’il a autant souffert plus jeune. Peut-être que je le considérais trop comme mon petit frère, celui que je devais protéger. Il a toujours été le plus fragile de nous deux. S’imposer, cela n’était pas dans son vocabulaire ; mais dans le mien, c’était légion. J’ai toujours pris sa défense et son parti, même lorsque je savais qu’il avait tout faux. Nous n’avions que nous-mêmes, alors je me raccrochais à lui comme il se raccrochait à moi. Je n’ai jamais pu tolérer qu’on le brutalise ou qu’on l’insulte. Tout ça parce qu’il est différent. Et si je cache derrière mes airs divins et poupons mes peurs glacées, ce n’est que pour mieux oublier qu’un jour il m’a fallu tuer.

27 juin 2004, 18h.
Il regardait ses bourreaux, plaqué au mur tel un lapin qu’on accule. Ses grands yeux bleus étaient écarquillés, un filet de sang traçait mollement sa route depuis son nez jusqu’à sa bouche pleine. Mais il ne bronchait pas. Il était habitué, désormais. Cela durait depuis presque un an. Il était systématiquement roué de coup à la sortie des cours, et il ne savait pas se défendre. Et même s’il avait su, comment aurait-il seulement pu les affronter ? Ils lui semblaient immenses. Leurs yeux haineux et leurs mimiques bestiales ne faisaient que renforcer la peur sourdre qui pointait au creux de son ventre. Il endurait les coups, s’efforçant de penser à autre chose. Un beau jour, ils se lasseraient, non ? Il était une proie trop facile, alors oui, ils finiraient bien par se lasser. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, il pressentait que ce serait différent. Il le lisait dans le regard lubrique que braquait sur lui le caïd chargé de mener à bien les opérations brutales de la bande. « Alors comme ça, sale petite merde, tu aimes les queues, hein ? Ca te plairait de voir la mienne ? » Les rires gras de ses comparses lui trouèrent les tympans. Il serra les dents. Malgré toute sa bonne volonté et sa discrétion, il n’avait pu garder ses amours secrètes. Il n’en avait jamais parlé à personne. Il avait peur, en réalité ; peur que sa sœur ne l’apprenne et qu’elle ne soit déçue de lui. Mais de toute façon, si ces types étaient informés, elle devait l’être aussi. Il s’efforça de relever le menton avec le peu de fierté qu’il lui restait, et sa démarche fut accueillie d’un violent crochet dans la mâchoire. Sa tête se renversa et vint heurter le mur derrière lui. Un faible vagissement, pareil à celui d’un nouveau-né, lui échappa contre son gré. La brute se rapprochait maintenant, sa main droite s’activant sur la fermeture de son jean. Il n’avait aucun moyen de s’en tirer. « Si tu ne veux pas que je démolisse ta sale gueule, enfoiré, t’as intérêt à faire ce que je te dis. T’as compris ? » Il ne cilla pas, ne répondit pas. L’autre fut soudain sur lui, ses doigts refermés sur sa gorge. Il sentait ses ongles crasseux fendre sa peau et sa respiration se hacha. Secoué comme un prunier, parvenant à peine à déglutir, il rassembla ses forces pour lui cracher au visage. Peu lui importait s’il crevait ici, maintenant. Il commençait à croire qu’il n’avait plus d’autre issue. Des paillettes blanches dansaient devant ses yeux, un sanglot s’étouffa dans sa gorge. Et soudain, ce fut terminé. Il tomba au sol, toussant, crachant, reprenant bruyamment son souffle. Le type qui une seconde plus tôt le menaçait était étalé sur le sol, les yeux grands ouverts. Du sang chaud et épais s’échappait de son nez et filait entre ses lèvres gercées. Il voulu crier, appeler au secours, mais il n’en eut pas le temps. « Je suis là. Il faut qu’on parte, vite. Dépêche-toi. Mais dépêche-toi, bordel ! » Elle était là, la main tendue vers lui. La pénombre la nimbait de gris, si bien qu’elle ressemblait à une fille des rues. Sa robe déchirée laissait entr’apercevoir sa cuisse pâle et un bout de jarretelle. Il saisit sa main et elle le tira sans douceur sur ses pieds. Il n’avait pas encore repris son souffle qu’elle le plaquait sans ménagement contre lui, la tête nichée au creux de son cou. Elle le serrait fort, ça lui coupait la respiration. Mais au moins était-il vivant. « Tu ne dois raconter ça à personne, tu m’entends ? A personne. Jamais personne ne te fera de mal. Tant que je serai vivante, putain, je te jure, je crèverai tous ceux qui lèveront la main sur toi. » Elle le tira par le bras, le forçait à quitter cette ruelle maudite où il avait cru pouvoir trouver refuge pour fuir ses agresseurs. Ils couraient à présent, couraient vers la sécurité. Il porta sa main à son nez douloureux, probablement cassé. A quelques minutes près, il était mort. Ou peut-être violé. Ou peut-être les deux.

28 juin 2004, 3h.
« Pourquoi tu ne m’as rien dit ? » Elle avait l’air déçue, affligée. Assis sur leur lit, elle jouait avec une lime à ongles tandis qu’il s’efforçait de mettre de l’ordre dans ses pensées. « Je… Je ne voulais pas que tu aies honte de moi. » Il baissa les yeux, mortifiés. Elle ne dit rien. « Comment pourrai-je seulement avoir honte de toi ? » Sa fine main aux ongles bruns, fraîche et douce  se posa sur son bras. Elle souriait timidement, la tête penchée sur le côté. Ses boucles blondes lui donnaient des airs d’ange. Finalement, c’était bien ce qu’elle était, son ange à lui. Sa sœur jumelle. La prolongation de son propre corps. « Tu es toute ma vie. Et je ne tolèrerai pas que quelqu’un te blesse. Je… Je ne sais pas pourquoi les choses sont ainsi, mais elles sont ce qu’elles sont. Et je ne t’en aime pas moins, tu sais. Je serai toujours là pour te protéger, même si, il faut en convenir, cela ne sied pas à une dame de mon rang… » Malicieuse, elle serra brièvement ses doigts sur le bras de son frère. « Je sais que c’est difficile. Mais il ne faut pas que tu aies honte, tu es quelqu’un de formidable. Et Mère aurait été fière de toi. Alors ne te laisse pas faire par des abrutis dans leur genre, tu vaux bien mieux que cela. Pense à ce que nous sommes. Nous ne sommes pas n’importe qui. Il y a quelque part quelque chose de formidable qui nous attend. Nous devons êtres prêts à ça. »

Personne ne sut jamais ce qu’il s’était passé. Ce fut leur secret. Ôter la vie n’avait pas été quelque chose de difficile à faire, pour elle. Elle aurait été prête à n’importe quoi pour sauver son frère, même s’il fallait qu’elle se meure pour cela. Non, ça avait été on ne peut plus simple. Mais elle n’avait jamais pensé qu’il lui serait si dur de vivre avec ce meurtre sur la conscience. Ses nuits étaient agitées de cauchemars dans lesquels elle voyait son cher frère se faire découper, brûler, torturer de mille façons. Et pire, elle voyait dans ses rêves le regard éteint de celui qu’elle avait du tuer pour l’épargner, lui. Et elle se réveillait en pleurs, la tête lourde, l’âme chauffée à blanc. Elle avait toujours été une enfant souriante, très intelligente et mature pour son âge. Extravertie et amicale, elle ne ressentait pourtant pas le besoin d’avoir des amis. A quoi bon, quand son frère pouvait la comprendre mieux que quiconque ? Jamais elle ne fut blessée qu’il lui révèle son homosexualité. Son amour pour lui était inconditionnel et allait bien au-delà de ce que l’être humain croyait pouvoir ressentir. Mais cet acte délibéré fut pour elle le début d’une nouvelle vie. Son comportement changea du tout au tout ; de lumineuse et pétillante de vie, elle se renferma et s’abîma dans son dégoût d’autrui. Seul son frère parvenait à voir clair dans son jeu, et il se sentait infiniment coupable. Si seulement il avait su se défendre seul ! Elle n’aurait pas été forcée d’agir de façon aussi extrême. Mais au fond, tous deux savaient qu’elle n’avait pas eu le choix, que c’était ça ou se faire prendre tous les deux. Alors elle se forgea un masque. Dépourvue de la moindre once de confiance en l’être humain, elle se fit un plaisir presque malsain de faire souffrir autrui. Tous devaient payer pour le mal qu’une bande avait fait à son frère. Mielleuse, avenante, elle n’en était pas moins séductrice pour mieux détruire ensuite. Toutefois, jamais plu elle n’usa de violence physique ; la souffrance mentale était bien pire, et elle le savait pour en être la victime. Sous ses dehors de petite fille pourrie-gâtée et d’ange de luxe, elle dissimulait une nature profondément meurtrie et une haine farouche de l’Homme. Si bien qu’elle finit par croire qu’elle était au-dessus de tout le monde et que l’argent pourrait lui ouvrir toutes les portes. Elle n’avait que 16 ans, mais c’était bien assez pour réaliser que tout autour d’elle n’était que corruption, mensonge et trahison. Son père les avait abandonnés. L’humain avait voulu les séparer. Elle ne voulait que se venger, se faire aimer pour mieux écraser.

CHAPITRE 3.

Je me souviens encore du jour où j’ai appris la nouvelle et tout ce qui allait en découler. C’était une belle journée, et curieusement, je ne crois pas avoir manifesté la moindre tristesse. Comment peut-on décemment pleurer quelqu’un que l’on n’a jamais connu ? Amère comme je l’étais depuis l’accident –c’est ainsi que mon frère et moi évoquions la chose, bien que ce ne fut que très rare-, je n’étais pas capable de me laisser atteindre par ce genre de chose. J’en voulais à la Terre entière. Mais finalement, la nouvelle eut un bien meilleur effet que je ne l’avais escompté. Avec sa disparition, c’était une nouvelle vie qui commençait pour Héraklion et moi. Nous allions enfin avoir droit à l’existence qui nous avait été destinée malgré les choix d’un père rongé par le chagrin et la colère. Celles des héritiers Applewood.

8 Septembre 2008, 15h.
Ils prenaient l’air dans le grand jardin de Gladys lorsque la lettre arriva. Elle leur fut apportée par le majordome de la maisonnée qui, sous ses airs graves, semblait trépigner d’impatience. Quoi qu’il puisse y avoir dans cette enveloppe, ils pressentaient tous deux que le cours de leurs vies allait en être chamboulé. Ils échangèrent un regard, et elle finit par glisser son ongle parfaitement manucuré sous le pli de l’enveloppe. Non sans une certaine solennité, elle déplia la lettre et la lut à haute voix afin que son frère puisse en profiter.

Lettre a écrit:
« Rose Hip, le 3 Septembre 2008.
A l’attention de Monsieur Héraklion Applewood et de Mademoiselle Gaïa Applewood.

Chère Mademoiselle, cher Monsieur,

Je vous écris en l’honneur de Monsieur Auguste Applewood, duc d’Applewood et propriétaire du Manoir Applewood. C’est avec beaucoup de tristesse que je vous informe du décès de votre père, survenu il y a de cela deux jours. En tant qu’ami et notaire, il est à ma charge de régler les affaires concernant la succession de votre défunt parent. Il est des sujets que je ne puis aborder par la présente, aussi vous demandé-je de venir dès que possible à Rose Hip afin que nous puissions discuter de ce qui doit être fait.

Je vous prie d’agréer, Mademoiselle, Monsieur, l’expression de mon profond respect.

Maître Harrington. »

Sa voix s’éteignit alors qu’elle achevait sa lecture. Ils restèrent un long moment silencieux, les yeux dans le vague, tachant de comprendre ? Père était mort, lui aussi. Ce père qu’ils n’avaient jamais connus, mais qui, visiblement, n’était pas parti sans leur laisser quelque chose. Elle finit par tourner la tête, dardant un regard indéchiffrable sur son frère. « Nous devons y aller. Je crois que notre histoire doit s’écrire là-bas. Tout comme celle de Père et de Mère s’est écrite. » A vrai dire, ils n’avaient guère le choix. Ils étaient les seuls enfants Applewood, les seuls héritiers de l’empire colossal de leur père. Alors qu’elle levait le nez vers le ciel, se demandant quelle bonne étoile allait à présent veiller sur elle, elle sentit la chaleur de la main de son frère dans la sienne. Elle sourit. Peu importait, à présent. Leurs racines les appelaient, et ils devaient rentrer.

Quelques jours plus tard, ils quittèrent Oxford. Si Gladys versa quelques larmes au départ de ceux qu’elle considérait comme ses propres enfants, Gaïa, elle, ne manifesta aucune émotion. Aussi lisse et froide qu’un lac hivernal, le regard dur, elle dut presque arracher son frère à l’étreinte de leur tante. Elle ne pouvait se permettre de rester ici, elle l’avait toujours su. Quelque chose en elle l’avait avertie depuis longtemps que leur avenir à tous les deux ne serait pas à Oxford. Elle avait l’appel du passé, elle sentait les racines de l’histoire de leur famille la tirer vers la terre. Et, pire encore, elle jubilait à l’idée de ce qu’ils allaient trouver. Gladys ne leur avait jamais caché la richesse de leur paternel, ni le luxe dans lequel il avait toujours vécu. Pour elle, jeune femme de vingt ans, c’était tout-à-fait normal. Elle n’avait connu que cela, et elle entendait bien continuer. Il n’était désormais plus question de renier ses origines ni son niveau social. Comme elle était loin, la fillette ouverte et humble ! L’esprit plus affuté qu’une hache guerrière, elle brûlait toujours de ce feu vengeur qui semblait la maintenir en vie. Et elle savait que l’argent pourrait lui offrir tout ce dont elle rêvait : pouvoir, influence et plus encore. Ce n’était guère de l’avidité. Les battements de son cœur étaient rythmés par cette éternelle volonté, celle de faire payer aux hommes. Aux hommes qui, comme son père, l’avait abandonnée alors qu’elle n’était qu’un nouveau-né. Aux hommes qui, comme les agresseurs de son frère, s’en prenaient aux plus faibles pour satisfaire leurs désirs les plus scabreux et immondes. Aux hommes qui, comme tous ceux qui avaient partagé son lit, n’aspiraient à rien d’autre qu’à lui voler son héritage et sa vie dorée.



Chapitre 4.

Les gens changent. Parfois, j’ai l’impression d’être la seule à ne pas avoir bougé. Je me tiens là, immobile, au centre d’une danse endiablée. Mais je n’ai pas peur, parce que je sais que j’ai presque atteint mon but. Peu m’importe ce que je n’ai pas eu, ou ce que j’ai consommé avec trop d’impatience. Désormais, je suis la seule à pouvoir influencer mon destin. Je détiens les cartes. Il est temps que le monde me connaisse, car je ne lui laisserai aucun répit. Nous serons unis et nous lui feront face. Quiconque tentera de nous détrôner ou de nous séparer le paiera chèrement.

24 Décembre 2013, 20h.
Le froid rosissait ses joues, lui donnait un peu plus l’air d’une poupée de porcelaine. Ses cheveux blonds aux reflets dorés encadraient son visage aux traits fins et princiers, tels une cascade lascive. Elle déambulait dans les rues étroites de Rose Hip et rendait les sourires qu’on lui adressait. Depuis cinq ans qu’elle était arrivée, elle ne s’était jamais sentie aussi libre et vivante. Ils avaient pris possession du manoir familial et s’étaient montrés au monde. Désormais, plus aucun habitant de la bourgade ne pouvait ignorer les héritiers Applewood. D’autant plus qu’elle s’était engagée dans un combat viscéral : voir la Rosehaie tomber. Ce serait là sa vengeance parfaite, le clou du spectacle de sa vie.  Tout autour d’elle, ce n’étaient que lumières et cris festifs. L’approche de Noël rendait les habitants plus chaleureux que jamais, tant et si bien qu’on en venait presque à oublier le conflit qui agitait les entrailles de Rose Hip. Presque. Le pas léger, sa cape de fourrure resserrée autour des épaules, elle ne laissait dans son sillage qu’une légère fragrance boisée et des empreintes de pas sur la neige craquante. De loin, elle apercevait la haute tour du manoir. Elle semblait vouloir crever le ciel. Un frisson la parcourut alors qu’un sourire venait fleurir sur ses lèvres. Elle avait vécu dans l’attente de ce moment. Elle avait été patiente. Les yeux rivés sur l’ombre quasi-spectrale de son domicile, elle manqua percuter un individu. Ou plutôt, elle se fit percuter. La silhouette ne s’arrêta pas même pour s’excuser et continua son chemin, ombre emmitouflée et impossible à identifier. Ses sourcils se froncèrent en un arc réprobateur ; le feu de ses veines ne s’était hélas jamais calmé. Bien qu’elle ne fut plus capable du moindre sévice physique et que l’idée la répugnât, elle se retrouvait parfois dépassée par ses réactions. Elle s’engouffra à la suite de la silhouette, laissant naturellement les gens s’écarter sur son passage. «  Hé, vous, arrêtez-vous ! » Sa voix se perdit dans la foule alors qu’elle pressait le pas pour rattraper le fuyard. Celui-ci finit par se retourner. Elle cessa presque aussitôt d’avancer, comme retenue au sol par un poids infini. Le poids du monde qui pesait auparavant sur ses épaules semblait l’avoir quittée pour mieux l’enraciner à cette terre ancestrale. Ils restèrent un long moment à se dévisager, les passants n’interrompant que brièvement leur échange muet. C’était assurément un homme. Son visage dur, ses traits taillés à la serpe et ses cheveux sombres en bataille lui donnait l’air d’un dandy passablement éméché. Avant qu’elle ne put mémoriser davantage ce visage qui lui deviendrait tant familier, il fit volte-face et s’évapora dans la foule. La neige tombait de nouveau lorsqu’elle trouva la force de sortir de sa torpeur. Et elle oublia.
 

GAÏA - « game over »

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