Papa, c'est l'homme de ta vie. Qu'est ce que tu aimerais devenir comme lui ! Il est si beau, si brave, si travailleur, si parfait en fait ! L'homme idéal, t'avait souvent répété Maman lorsqu'elle s'occupait de toi quand tu étais encore un peu plus petit. Et tu l'as cru, parce que comment pourrait-elle te mentir ? Tu vois l'éclat d'admiration dans les yeux de Maman quand elle le fixe pendant les repas où avant qu'il ne parte au travail, et tout petit déjà tu t'étais promis que la personne qui partagera ta vie aura le même éclat dans ses yeux. Alors tu avais travaillé dur à l'école, sans jamais rien lâcher. Parce que non seulement tu voulais devenir comme Papa, mais en plus tu voulais que son visage exprime la même émotion que quand toi tu le regardais. Sauf que tu n'étais pas intelligent, loin de là. Et à cause de tout les notes catastrophiques que tu ramenais chaque semaine à la maison, ce n'était pas de l'admiration que tu apercevais dans leurs prunelles, mais plutôt une grande déception.

Tu t'y étais fais, finalement. Tu ne serais jamais intelligent, tu ne feras jamais la fierté de tes parents, mais ils avaient vite fait d'oublier ce détail, puisqu'une nouvelle petite tête avait fait son apparition. Bon, certes, il est là depuis un certain temps en réalité, mais ils avaient enfin réalisé à quel point il était plus intelligent que toi, plus malin, plus débrouillard et qu'il avait bien plus de caractère. Et puisqu'il était si parfait pour son jeune âge, il avait vite fini par te mener en bateau. Fais-ci, fais-ça, et puis toi grâce à ta gentillesse exagérée tu obéissais sans même te poser des questions. Tu admirais ton petit frère. Il était si parfait ! Presque comme Papa. Mais pourtant tu n'arrivais pas à te réjouir de sa réussite. Et secrètement tu le haïssais. Tu disais du mal de lui à tout ceux que tu connaissais, ne faisant que te plaindre encore et encore, si bien qu'on avait fini par t'éviter. Parce qu'on te trouvait chiant Cilian, lourd à force de ne parler que de la même chose et de ne voir que toi. Et tu te retrouvas tout seul, ne comprenant absolument pas ton sort. Parce que tu avais toujours été si gentil avec tout le monde.

Puis, comme tu n'étais absolument pas du genre à t’apitoyer sur ton sort, tu pleuras pendant quelques mois sur ta solitude et le fait que personne ne semblait vouloir la briser avant de te reprendre. Et tu compensas. Non, pas avec la nourriture, bien que tu aurais pu, mais tu voulais des amis toi, et ce n'était sûrement pas en devenant gros que les gens finiraient par t'apprécier. Non, toi tu préféras adopter tout les animaux sur lesquels tu tombais. Du chien miteux à moitié mort dans une ruelle sombre à ce rat que tu avais ramassé une fois quand tu étais tombé malencontreusement dans les égouts parce que tu n'avais pas vu le panneau attention un mètre plus tôt. Peu à peu, ta maison se remplit d'animaux en tout genre, et aucun n'était dans une forme olympique. Chat à trois pattes, oiseaux aux ailes brisées, tu les soignais gentiment, en leur offrant tout l'amour que tu avais dans ton cœur. Mais comme tu n'étais pas la personne la plus douée du monde, il y en avait parfois qui ne survivaient pas entre tes doigts.

OH MON DIEU !!! QUELQU'UN AVAIT ÉTÉ GENTIL AVEC TOI ! Tu n'en revenais pas ! Tu étais resté longtemps bouche bée devant cette fille qui t'avais sourit en te demandant ton prénom. Tu avais 15 ans, et c'était la première fois en deux ans qu'on s'adressait à toi sans une voix pleine de moquerie. Tu te ressaisi rapidement pour lui répondre, et conclu tout aussi rapidement qu'elle sera désormais ta meilleure amie. TA meilleure amie, rien que la tienne. Un rapide échange de numéro et le tour était joué. Chaque seconde tu pensais à elle, tu lui envoyais un petit mot d'amitié. Tu avais été si proche et si ouvert à elle qu'elle avait fini par croire que tu étais éperdument tombé amoureux de sa personne. Sauf que ce n'était absolument pas le cas. Et après une confession de la jeune femme totalement ratée, tu lui fis parvenir la pire réponse de déclaration d'amour jamais prononcée : mais pas moi. Le visage rouge de colère, elle t'envoya sa main en pleine face sans que tu n'aies même penser à esquiver.

C'était reparti pour la solitude ! Tu avais fini par y être bien habitué maintenant. Les animaux occupaient une grande partie de ton cœur et de ta tête. Si bien que lorsqu'il fut temps de choisir ta future orientation tu décidas de devenir éleveur. Pour s'occuper d'eux, leur offrir de l'amour, et tout ça. Cependant son père n'était pas de cette idée. Ce n'était pas assez noble, pas assez grand comme projet. Il fallait que tu penses comme une grande personne ! Tu n'étais plus un enfant ! Alors il choisit pour toi, et tu devras devenir un vétérinaire. Dans sa tête il pensait fort à médecin, mais tu étais si amoureux des animaux qu'il avait fait une petite concession. Mais tu as eu de la chance, dans un sens, parce qu'en faisant des études, tu commenças à te faire des amis... Des meilleurs amis dont tu pouvais à ta guise envahir l'espace vital !