Pourquoi avez-vous décidé de venir vivre à Rose Hip ? Je suis né ici à vrai dire. J'ai toujours vécu ici, je ne connais que Rose Hip, je n'ai jamais foutu les pieds en dehors de cette fichue ville. Excepté durant les vacances, mais c'était toujours dans des lieux privilégiés et je restais la plupart du temps enfermé dans la villa de vacances. Parce que, très franchement, de vous à moi... Si j'avais pu choisir une ville, ce n'est certainement pas ici que j'aurais posé mes bagages. Ah ça non.
   Que pensez-vous de la Rosehaie, en toute honnêteté ? Ça me fascine. Depuis que je suis gamin et que j'ai découvert son existence, je n'ai qu'une envie : y aller. J'ai envie de découvrir comment les petites gens vivent, comment ils se débrouillent. J'ai envie de côtoyer leur simplicité, leur solidarité. Trouver le bonheur en dehors de l'argent, c'est un peu le but de ma vie finalement. Et je vais avoir tout le loisir de découvrir tout ça puisque j'y est emménagé il y a quelques semaines. Ouais, j'ai enfin eut le courage de plaquer ma petite vie dorée pour partir à l'aventure et voler de mes propres ailes.
   Comment vous définiriez-vous ? James, c'est une sorte de Peter Pan. Il a pas envie de grandir, de devenir un adulte, d'avoir des responsabilités et de penser à son avenir. Lui, il vit l'instant présent. Un peu nombriliste aussi, il aime tout faire tourner autour de lui. Ouais, comme un gosse, il ne supporte pas quand l'attention n'est pas tournée sur lui. Et pourtant, quand elle l'est, il fait mine de s'en désintéresser. Il se donne des grands airs le James, mais c'est un paumé au fond. Il ne sait pas trop qui il est, où il va dans la vie, ni même ce qu'il veut. Ce qu'il veut, ouais, en voilà une bonne question. Il change d'avis toutes les cinq minutes. Il est un peu instable le James, un peu indécis. Toujours dans son monde. Le genre de mec qui peut passer trois jours enfermé chez lui, sans voir la lumière du jour, plongé dans ses jeux vidéos ou sa peinture. Il est un peu sombre, un peu colérique. En fait, c'est un grand émotif le James. Il vit tout à 200%, toutes ces émotions sont extrêmes et il passe d'un extrême à un autre en un claquement de doigt. C'est un rêveur, un utopiste, mais il ne partage ça avec personne. Il préfère se plaindre sur la réalité de la vie lors d'un dîner et aller peindre ensuite pour exprimer cette liberté qui galope dans son palpitant. C'est un sauvage, un inaccessible, il laisse pas les gens monter dans sa grande tour dorée. Il dit pas qu'il aime et il veut pas qu'on compte sur lui, qu'on tienne à lui. Alors il se dénigre, il met en garde, il prévient les autres qu'il n'en vaut pas la peine et qu'ils feraient mieux de passer leur chemin que de lui donner sa chance. James il est gentil, mais James il est perdu. James à fleur de peau, James mal dans sa peau. James l'utopique, James pathétique. James l'aventurier, James l'abandonné.