La pluie et le froid glacial tombaient sur la ville d’Edimbourg en ce jour de Février 1990. C’est en ce jour particulier que naquit Kaya, petite fille tant attendue par ses parents. Ces derniers étaient issus tous deux de familles riches d’Ecosse. Mr Sullivan avait hérité d’une grande entreprise développant notamment des lunettes de vision nocturne que possédaient les armées du monde entier. Tandis que son épouse était l’une des héritières d’une distillerie produisant du Whisky qu’elle dirige actuellement en collaboration avec l’un de ses frères. La famille était donc dotée d’une certaine richesse. Il ne leur avait manqué qu’un enfant pour que leur bonheur soit à son apogée. Ils avaient espéré son arrivée pendant des mois et ils l’avaient enfin, leur enfant unique. Ils allaient maintenant pouvoir la chérir et la gâter. Elle était leur petite fierté et ils comptaient bien prendre soin d’elle. Elle était l'enfant unique et resterait probablement ainsi. Ils avaient eu tellement de mal à l'avoir qu'il était probable qu'ils ne lui donneraient pas de petit frère ou petite sœur. Elle sera donc l'unique fruit de leur amour. A sa naissance, toute la famille se précipita donc pour voir ce petit bijou. Elle fut couverte de cadeaux et cela n'était qu'un début.



L’enfance de Kaya fut pleine d’amour et choses faciles à obtenir, elle était gâtée de tout bords et faisait rêver ses petits copains d’école avec ses nombreux jouets et autres bonbons à volonté. Elle alla toujours dans des écoles privées, de la maternelle au lycée. Il lui fallait toujours les meilleurs enseignements possibles, la perfection avant tout. Ses parents voulaient à tout prix qu’elle réussisse et y mettaient les moyens. Il était hors de question que leur fille aille dans des petits établissements publics avec tous ces gens « normaux » disaient-ils. C’était surtout le père qui ne voulait pas que sa précieuse progéniture aille trainer avec n’importe qui. Il voulait qu'elle reste avec les meilleurs et qu'elle rencontre des gens bien comme eux, similaires à sa famille. Il pensait surtout à son futur, à ce qu'elle pourrait faire de bien et à la personne qu'elle pouvait rencontrer et avec qui elle ferait sa vie. Il ne fallait surtout pas que ce soit un garçon issu d'une famille pauvre ou même qui ne soit pas écossais, hors de question. Cela ne gêna pas du tout Kaya lors de son enfance, elle ne se préoccupait pas des garçons et autres préoccupations de ses parents. Tout ce qui l’importait était que rien ne dépasse de son coloriage, qu’il soit parfait sans aucun trait autour des contours du dessin.  A l’adolescence, cela fut différent, elle se sentait étouffée par son père. Sa mère ne faisait que le soutenir et se contentait de calmer le jeu lors de grosses disputes. Elle était là pour écouter sa fille dans n’importe qu’elle circonstance mais savait pertinemment que cela ne servait à rien de contredire son mari, il était bien trop têtu pour ça. Têtue, Kaya l’était aussi. Chaque jour elle se disputait avec lui. Un coup c’était parce qu’il ne voulait pas qu’elle aille à une fête sous prétexte qu’elle devait travailler et réviser. Une autre fois c’était parce qu’elle ne lui parlait pas assez et qu’il la trouvait trop renfermée sur elle-même. Elle ne comprenait pas pourquoi il était si collant et exigeant envers elle. Inutile de dire que la jeune fille n’avait jamais ramené de garçon à la maison. Il était hors de question qu’elle présente qui que ce soit à son père bien trop exigeant.

Une fois son diplôme en poche elle décida de quitter le domicile familial pour avoir son propre appartement et son indépendance. Elle allait entamer des études de droit et elle souhaitait à tout prix être seule pour se mettre à fond dans les études et s’éloigner un peu de papa, maman, même si elle restait toujours à Edimbourg. A sa plus grande surprise son père ne dit rien et l’aida même à chercher son futur petit nid douillet. Elle se dégotta un appartement dans un immeuble plutôt classe et bien placé en plein cœur du centre-ville. Elle se trouvait donc à deux pas des boutiques et autres bars. Enfin, elle avait l’impression de devenir adulte et de commencer une nouvelle vie. Et puis, malgré les disputes avec son père, elle voulait qu’il soit fier d’elle. Alors, une fois installée elle se plongea dans les études et fit son petit chemin de vie sans être embêtée. Puis un jour, elle le rencontra. Lui, le fameux jeune homme qui était son voisin. Du moins elle ne savait pas à quoi il ressemblait car elle ne l’avait jamais croisé dans les escaliers. Elle s’était retrouvée embarrassée par un problème de taille. En effet, elle avait invité quelques amis à manger et voulait ouvrir une bouteille de vin. Mais évidemment, pas de tire-bouchon. Elle n’avait donc pas d’autres choix que d’aller sonner chez son voisin pour lui demander cela. Une fois devant sa porte elle sonna et attendit quelques instants. Elle fut alors étonnée de voir, non pas un jeune homme lui ouvrir mais un appareil photo. Un flash l’aveugla et la jeune femme en oublia ce qu’elle venait lui demander. Se rendant compte de son erreur, le jeune homme s’excusa et lui expliqua qu’en fait il attendait un modèle et que finalement ce n’était pas lui qui était venu. « Ah en effet je suis simplement la voisine vous… euh je veux dire tu n’aurais pas un tire bouchon à me prêter s’il te plait ? Je le ramène de suite après ! » Pour qu’elle ait une chance de plus de dire oui, elle lui fit un large sourire. En fait, elle avait hésité à le vouvoyer ou à le tutoyer directement sur le moment. Elle avait trouvé stupide de le vouvoyer alors qu’ils avaient presque le même âge à première vue. Il lui avait alors prêté le précieux tire-bouchon comme prévu et cela s’était arrêté là. Il est vrai que cette rencontre n’avait rien d’extraordinaire. Mais tout allait changer par la suite. En effet, ils se recroisèrent une fois, deux fois, puis trois fois pour enfin se parler et s’inviter. Ils firent connaissance et parlèrent de tout et de rien à chacune de leurs entrevues. Il s’appelait Aidan et était avocat. Petit à petit, la jeune femme s’attacha à lui et lui racontait ses petits problèmes quotidiens, il devint d’abord un peu comme son grand frère. Elle avait besoin de quelqu’un comme lui, il paraissait fort, impossible à faire faiblir, elle se sentait bien avec lui. Au début elle ne savait pas trop s’il pensait la même chose d’elle ou si elle l’embêtait un peu en lui parlant si longuement. Et pourtant, ils avaient continué à se fréquenter, tout cela pendant plusieurs mois. Ils étaient devenus amis en fait, il l’appelait Sully à cause de son nom de famille qui était Sullivan, cela lui faisait penser au nom du monstre dans le film Monstres et Cie. Or, tout se compliqua plus tard, leur relation était devenue plus ambiguë, ils commençaient un peu à se comporter comme un couple sans vraiment jamais se le dire, aucun des deux ne s’étaient posé la question de savoir s’il fallait envisager ou non de se déclarer ensemble. Peut-être était-ce à cause de la peur que tout se finisse ce jour-là ? Comme si cette période n’avait été qu’un rêve et que le fait de revenir à la réalité et de se dire ce qu’il en est vraiment allait tout détruire.



Un jour tout bascula, Aidan était assez préoccupé par une affaire qu’il suivait et Kaya faisait tout son possible pour être à ses côtés. Il était chez elle et ils discutaient tranquillement lorsque quelqu’un sonna à la porte. La jeune femme n’attendant personne alla ouvrir et tomba nez à nez avec son père qui venait lui faire la surprise de lui rendre visite. Elle paniqua dans sa tête, comme une adolescente qui avait caché un petit ami dans sa chambre mais garda son calme et l’invita à entrer. C’est là que tout changea. En voyant Aidan, le visage du père de la jeune femme se décomposa. « Encore vous ! Mais que faites-vous ici ! Vous voulez me voler ma fille aussi ? » Kaya ne compris pas sur le coup, après toute une scène ou les deux hommes se prirent la tête sur l’affaire passée, elle se contenta simplement de demander au jeune homme de partir lui mimant qu’elle allait l’appeler juste après. Mais, son père n’en n’avait pas fini avec elle et lui interdit tout bonnement de le voir. Il ne voulait plus entendre parler de cette « pourriture de Peterson », s’en suivit une nouvelle dispute qui mena Mr Sullivan à quitter l’appartement. Kaya était anéantie, elle ne pensait pas obtenir une réaction comme ça. Pourtant elle était heureuse maintenant, et puis son père avait encore tout gâché. Peut-être que Aidan ne voudrait plus la voir après cela… Cet évènement chamboula toute la vie de la jeune femme, elle était loin de se douter que cela allait beaucoup influer sur le futur. Pourtant, le jeune homme revint la voir et se comporta comme si il ne s’était rien passé, refusant de parler de l’affaire et de ce qu’il s’était passé. Plusieurs semaines plus tard, plus de nouvelles. Kaya, sonna à la porte, le harcela d’appels, lui laissa des messages, mais rien. Pas de réponse. Il faisait le mort. Au départ elle pensait à une blague, puis vint l’incompréhension. L’appartement était apparemment vide, pas une trace du jeune homme. Pourtant il n’avait pas déménagé ! Alors, elle pleura, encore et encore, même si cela n’arrangeait rien, cela lui faisait du bien. Elle ne comprenait pas pourquoi il était parti sans lui dire quoi que ce soit, sans lui laissé une lettre, sans lui donner de bonne raison, … Elle resta des jours et des jours sans sortir, en loupant les cours sans se soucier de l’incidence que cela aurait. Puis, un matin, elle décida d’aller chercher des réponses, au saut du lit, en pyjama, elle décida de s’introduire chez lui. En fait, il lui avait confié un double de ses clés il y a quelques mois et cela lui était sorti de la tête qu’elle le possédait. Elle entra alors chez lui, rien n’avait bougé. Tout était identique à la dernière fois où elle était venue, à une exception près. Une carte postale se trouvait sur le sol, elle illustrait une petite ville du nom de Rose Hip. C’était les parents du jeune homme qui l’avaient écrite, décrivant une ville agréable et magnifique. C’est là qu’elle ne chercha pas plus loin, reposa la carte, ferma l’appartement et retourna dans le sien. Là, elle resta assise sur sa chaise pendant plusieurs longues minutes ne sachant que faire. Plusieurs jours plus tard elle fit ses affaires pour partir pour Rose Hip. Elle avait prévenu ses parents qu’elle voulait changer d’air et transférait son dossier à Rose Hip pour pouvoir y étudier, même si elle loupait son année elle s’en fichait, elle pouvait bien la refaire là-bas. Son père bien entendu était retissant et soupçonna ce qu’elle n’aurait jamais cru. Elle n’en cru pas ses oreilles lorsqu’au téléphone il lui dit : « Tu vas rejoindre cet imbécile c’est ça ? Je refuse que tu partes tu m’entends il est hors de question que tu ailles avec ce petit merdeux ! » Et encore une dispute. Mais cette fois ce fut la dernière. Elle allait refaire sa vie là-bas quoi qu’il arrive, quoi qu’il dise. Désormais, son père ne voudrait plus jamais entendre parler d’elle. Seule sa mère la soutenait et était derrière elle, notamment financièrement. Là-bas, elle verrait si elle avait eu une bonne intuition ou non. Quoi qu’il en soit, une nouvelle vie l’attendait.