C’est l’odeur du tabac froid. Des cigarettes encore fumantes entassées dans le cendrier, peu importe l’heure de la journée.
C’est des repas manqués à cause d’une faim oubliée. Trop de cigarettes pour pouvoir garder un appétit. Un corps trop fin, des fringues trop amples, un froid constant.
C’est les bouteilles vides égarées sur la table basse devant une télé toujours allumée. Qu’il fixe sans vraiment regarder. Pour gueuler si Cassandre trouve moyen de protester. Pour s’oublier. Pour cesser de penser. Pour éviter de réfléchir à comment s’en aller. Pour se donner encore quelques nouvelles addictions, et s’attacher à cet endroit. C’est un parasite, le garçon. Une tique. Il s’est accroché à la peau de Cassandre, et il ne parvient même plus à le lâcher.
C’est des coups qui partent trop facilement. Pour défouler ses muscles endormis et endoloris. Pour cerner d’hématomes la peau de son amant. Pour envoyer sur les murs quelques éclaboussures de sang. Pour se sentir vivant. Lorsque le liquide coule sur la peau en sillons. Lorsqu’il s’étale en fines gouttes sur la moquette du salon.
C’est celui qui ne veut rien comprendre. Une boule de mépris. Ça lui ferait plaisir de pouvoir mener le monde comme il en a envie. D’imposer ses valeurs, surtout à lui.
C’est une libido zéro. Qui tente de tuer ses désirs à la source. Monroe, il est tellement en colère contre Cassou et lui qu’il n’a plus envie d’avoir envie. Il ne veut plus qu’il le touche trop encore, ou qu’il dorme contre lui.
C’est un caractère yo-yo. Moitié mort, moitié vivant. Qui ne s’éveille que de temps en temps. Tel un américain stéréotypé, qui reste allongé devant la télé. Parce que sans forêt pour s’évader, le monde dehors n’a plus tellement d’intérêts.
C’est quelqu’un qui tente sans volonté. Il s’engage sans vouloir y arriver. Parce que ‘‘ça sert à rien’’, quand on lui impose quelque chose qu’il n’a pas décidé.
C’est celui qui ne rit et ne sourit presque jamais. Parce qu’il n’y a rien pour joyeusement s’amuser. Sauf quelques masques ironiques, ou qui jubilent à l’idée de manipuler. C’est des rires nerveux. Moqueurs. Souvent forcés.
C’est l’insomnie qui t’attrape. Elle tue tes nuits. Tu as tenté de te battre contre elle. Contre les cauchemars et les rêves éveillés. Tu as tenté de t’assommer l’esprit avec les cachets. Un moment. Pendant quelques temps. Mais finalement, c’est resté. Tu crois que les nuits trop courtes ne parviendront jamais à t’abandonner.
C’est des insultes à fleur de peau. Pour tenter de se démarquer. Pour bien montrer à Cassandre que, sa lâcheté, ça le fait chier. Que ça l’emmerde de l’aimer. Qu’il voudrait bien l’oublier, tout contrôler, et qu’il n’est pas capable d’y arriver.
C’est un gars qui n’aime pas s’afficher aux autres. Surtout dehors. Pas avec Cassandre. Il ne lui tient jamais la main. Il ne l’embrasse jamais. Il ne lui caresse jamais la peau. Pas en pleine rue. Pas quand il y a d’autres individus.
C’est un de ceux qui s’enferment eux-mêmes dans une prison dorée. Sans comprendre qu’il suffit de pousser la porte d’entrée pour retrouver une certaine liberté.