"Non, ça ne va pas être possible. Ne restez pas à côté du téléphone, on ne vous rappellera pas." Sven soupira, pendant que la jeune femme qui dansait encore quelques secondes plus tôt se dirigeait, presque au bord des larmes, vers la sortie, à moitié chancelante. Enfin ... Dansait ... Pour le russe, cela ressemblait plus à du gigotage de jambon de Parme qu'à de la danse, mais ça restait son avis, mais aux vues de la figure affligée de Satine, assise à ses côtés, elle en avait pensé la même chose. Voilà maintenant vingt minutes qu'ils étaient assis là tous les deux, devant la scène du Mystic, à auditionner toutes les potentielles nouvelles recrues du club, et ils n'étaient pas encore tombés sur LA perle. La première savait plus ou moins bouger, certes, mais rien de bien fabuleux. Et la seconde ... Sven lâcha un soupir. Ils avaient besoin de nouvelles filles, mais si toutes celles qui se présentaient devant lui avaient ce niveau, il ne voyait pas vraiment comment faire avancer les choses. Le Mystic Club avait sa clientèle, ses habitués, et son standing. Embaucher de nouvelles strip-teaseuses équivalait également à ce qu'elles soient à la hauteur de la réputation que l'on prêtait à leur lieu de travail. Il fallait dire que les filles employées ici étaient douées. Belles, pour la plupart pas plus intelligentes que cela, mais on pouvait dire qu'elles savaient bouger et donner envie. Bien évidemment, le blond se doutait que la plupart des personnes venant postuler seraient des filles à moitié désespérées sans aucune qualification cherchant n'importe quel travail. Elles se figuraient que strip-teaseuse était à la portée de tout le monde et que même elles pouvaient y réussir, et la plupart du temps ... Elles se plantaient. Et joliment en plus. Le jeune homme se retourna, distrait, observant le bar, vide. Si seulement Megara avait été là, elle aurait pu au moins leur faire le service de boissons. Mais même pas, ils devaient tourner à l'eau - pendant le travail on ne boit pas, bien entendu. Se tournant vers sa collègue et amie, il sourit, moitié ironique, moitié affligé. " T'es prête pour la suite ? " La pluie battant à l'extérieur lui arrivait de manière étouffée, la musique s'étant arrêtée le temps qu'ils en appellent une autre. Le silence régnait donc, et personne à part eux deux étaient présents. Pourtant, il allait falloir qu'ils se décident à en faire passer d'autre, mais l'envie, actuellement, manquait atrocement à Sven, bien qu'il aimât particulièrement briser les espoirs des filles qui ne méritaient pas de rêver. Sans doute pouvait-il paraître un peu cruel, effectivement, mais apparemment, sa cruauté lui avait servi à monter... La gentillesse, bien souvent, ne servait qu'à redescendre de quatre étages. Pourtant, la plupart de celles qui travaillaient ici pourraient le dire, il n'était pas des plus ingrats avec elles, c'était même tout le contraire. Il avait d'ailleurs aidé Max à entrer dans la boîte, quand bien même cette idée déplaise à Satine, et passait beaucoup de temps à s'assurer que tous les contrats se déroulaient à merveille et qu'aucun mal n'était fait à ses employées. Mais ceux qui ne représentaient rien ni pour lui ni pour la boîte ... Il pouvait bien leur arriver n'importe quoi. " Suivante !"  La musique s'alluma de nouveau en prévision de l'arrivée de la nouvelle danseuse. En espérant que cette fois-ci soit la bonne ... Souvent, ces danseuses venaient de la Rosehaie, mais certaines, comme celle qui venait à peine d'entrer, semblait clairement afficher sur leur visage qu'elles n'avaient jamais vues la pauvreté, ce qui intrigua brièvement Sven ... Avant qu'il s'en désintéresse à demi, et qu'il se tourne vers Satine. Voilà maintenant des années qu'il la connaissait. Des siècles, à en croire ce qu'ils avaient vécu depuis leur rencontre. La Russie ... Semblant si loin et pourtant si proche à la fois. Satine était sans doute le goût du pays, pour lui. " Sinon, comment va ton mariage? Pas trop dur à consommer ?" Le russe la taquinait énormément à ce sujet, chose qu'elle lui rendait bien la plupart du temps. Mais après tout, c'était de bonne guerre, qui aime bien châtie bien. Sans doute qu'ils s'aimaient un peu plus que la moyenne.

Si Satine et Sven avaient à partager une chose, une seule, jusqu'à la fin de leur vie, ce serait bien entendu leur goût pour la boisson, en particulier la Vodka. Malgré les blagues moqueuses visant à mettre dans le même panier leur origine et leur amour pour cet alcool que certains pourraient trouver assez fort, ils n'hésitaient pas à partager un shot, qu'importe l'heure de la journée. Il fallait dire que même si Sven se battait pour combattre les préjugés contre la Russie, c'était précisément les originaires de ce même pays qui forçaient le plus sur la bouteille, surtout au Mystic Club. Mais d'un autre côté, ceux qui n'en étaient pas friands ne savaient pas ce qu'ils perdaient. Tout pouvait passer avec la vodka, même les pires danseuses qu'ils avaient à auditionner. Il fallait dire qu'ils en avaient vu, et que ce n'était pas fini, la liste était longue de celles désespérées qui voulaient un travail sans se soucier de leur talent … Ils auraient certainement dû faire venir Shanti pour qu'elle leur montre ce qu'il fallait pour être strip-teaseuse. Avec un peu de chance, ils en auraient fait fuir au moins la moitié, des femmes qui se seraient rendues compte qu'elles n'avaient rien de danseuses professionnelles et qui serait retournées déposer leur curriculum vitae dans les snacks et les bars tabac. Mais là, elles tentaient leur chance, comme si le Mystic était leur délivrance... Elles ne savaient pas dans quoi elles s'embarquaient, sans doute, mais elles y allaient quand même, avec la volonté de l'ignorant. Ce même ignorant qui finit par repartir en pleurant parce que ceux qui l'ont jugé y sont allés trop fort, reflétant son incompétence sans aucun tact. Sven se sentait d'humeur à manquer de tact, en tous les cas. Il n'aimait pas spécialement faire preuve de compréhension et de gentillesse, spécialement lorsqu'on lui avait fait perdre son temps. «  A chaque fois qu'on entendra la phrase «  Je peux recommencer, j'étais stressée, s'il vous plaaaaît. » Shot ! Je suis carrément pour. Et puis ce serait bête de laisser les bouteilles derrière nous sans en profiter un minimum, d'autant que sans ça je pense que je ne pourrais pas apprécier le spectacle à sa juste … Valeur, disons ça comme ça. » Il fallait dire qu'ils étaient gâtés, énormément gâtés niveau gamelle et vulgarité. Sven avait l'impression d'être l'un des jury d'American Idol auditionnant les pires cas sociaux du monde qui désiraient seulement se montrer à la télévision. Les filles qu'ils avaient là, c'était la même chose. Elles avaient une image des strip-teaseuses comme des femmes vulgaires à peine vêtues tournant autour d'une barre en montrant leur joli postérieur. Et donc elles se plantaient. Jouant sur le côté vulgaire et de petite vertu que leur proposait le rôle de façon évidente, elles n'en décelaient pas la subtilité. Et ils n'avaient pas le temps de la leur apprendre, ils n'étaient pas là pour leur enseigner leur art, mais pour recruter des danseuses. Levant les yeux au ciel face au manque de talent évident sont faisait preuve la pauvre biche apeurée présente sur scène, il sourit, simple amorce de réponse pour Satine. « Je ne te ferais pas l'honneur de te proposer de te prouver mes talents ici et maintenant, ce serait sous-entendre que j'en doute, ce qui n'est absolument pas le cas. Mais tu pourras te renseigner auprès de quelques-unes de tes employées si l'envie t'en prend ! Je pense quand même que tu aurais pu en prendre un riche et assez attirant, ça t'aurait procuré le deux en un. » Sven marqua une pause, ricanant quelque peu face à l'attitude de la blonde. Il fallait dire que les moqueries, entre les deux, ne s'arrêtaient que très rarement, et c'était tant mieux. Quitte à choisir, cette amitié là valait bien toutes les autres. Entrant dans son jeu, il prit une voix exagérément suave. «  Je pourrais toujours te faire une démonstration, un exemple vaut toujours mieux qu'une présentation. ». L'avantage avec l'amitié qui les liait tous les deux était qu'ils n'avaient pas de sujet non abordables ou qui pouvaient provoquer des tensions. Il fallait dire que Sven, si l'on écartait son travail, donnait beaucoup d'importance à ses relations, ou du moins à certaines, dont faisait partie Satine. Alors même aborder un sujet tel que son mariage avec Maxine n'était pas réellement un problème. Bien entendu, si Sven pouvait tirer un trait sur ce moment là de son histoire, il le ferait avec plaisir, mais ce qui était fait n'était pas effaçable, seulement réparable, et il comptait bien s'y atteler. Alors en discuter avec elle, quand bien même il connaisse déjà son avis en long, en large et en travers, n'était pas des plus dérangeants. Pour faire bonne figure, il l'honora tout de même d'une grimace totalement enfantine. « Eh, à la base je me la tapais juste, je me suis pas marié pour ça. S'il avait fallu me marier avec toutes les filles que je voulais me faire, on aurait mieux fait de remettre la polygamie au goût du jour. » Le russe arrivait encore à se demander comment une telle situation avait été possible. Comment avait-il pu être stone au point de ne pas s'arrêter au bon moment ? Secouant la tête, il la regarda, un sourire totalement innocent au coin des lèvres. «  Parce qu'il existe une autre façon ? Bien qu'en général, ce n'est pas moi qui finit avec une laisse … Je n'apprécie pas vraiment être dominé, à tous les points de vue. » Tournant de nouveau son regard vers la danseuse, il sourit. Ce n'était pas formidable, mais mieux que ce qu'ils avaient pu voir jusque là, ce qui était un progrès. Peut-être la prochaine serait-elle la bonne ? Observant la jeune femme danser, il analysa, de même que sa collègue. Elle avait la danse, la technique, l'envie … Mais elle manquait de sensualité. Voilà ce qu'il aurait pu lui reprocher, entre autres choses. Sans doute devait-elle pratiquer dans une école où qu'est ce qu'il savait … Sven grogna, la réflexion de la blonde atteignant les réflexions de son esprit. «  Ne m'appelle pas comme ça, je serais jamais papa Sven. Avec la merde dans laquelle m'a plongé le mien, de père, je risque pas d'infliger ça à un gosse. » Acquiesçant à la demande de Satine, il observa la brune encore sur scène. «  C'est bon, ça suffira, merci. On vous tiendra au courant par téléphone dans les prochains jours. » Et basta, elle hocha la tête en silence, contente sans doute de ne pas s'être fait remballer d'instinct alors que les autres filles passées précédemment n'avaient pas eu cette chance, et sortit, pile au moment où Satine revenait, papiers en main. Intrigué, il ricana lorsqu'il vit de quoi il s'agissait. «  Parce que tu penses que j'hésite ? C'est elle qui ne veut pas signer ces foutus papiers. Je sais même pas pourquoi d'ailleurs. J'ai tout essayé, en plus, des menaces, à la violence, à la drogue, à l'alcool et au sexe. Pas moyen. » Avisant la bouteille, il soupira. «  Bon on boit ? »  

L'histoire de Satine et Sven était compliquée. Compliquée et simple. Si le russe était ce qu'il était, une enflure sans nom, qui n'avait de cœur que pour très peu de choses, lorsqu'il s'agissait de parler de Satine, il en devenait presque émotif. Parce qu'elle avait toujours été là, et la réciproque était tout aussi vrai. Parce qu'elle avait toujours représenté la base même d'une amitié pour lui, et s'il n'en avait pas connu des millions hormis elle, la blonde lui suffisait amplement pour cela. Entre elle et Shawn, on pouvait dire qu'il avait été gâté sans même en demander. La chose la plus importante, entre eux, résidait entre cette façon qu'ils avaient de croire aveuglément en l'autre. Parce que Satine avait connu Sven toute sa vie. Elle avait connu l'époque où il n'était qu'un frêle enfant et adolescent voulant vivre comme les autres, elle avait connu Katarina, elle avait connu Sven heureux et amoureux. Cette époque semblait tellement loin et pourtant,Satine était là pour témoin qu'elle avait bel et bien existé, et que ce n'était pas seulement un rêve qu'il s'inventait pour paraître moins inhumain. Parce qu'elle l'avait connu durant des années moins glorieuses également. La période qui l'avait mené derrière les barreaux. Il en était ressorti différent, insensible, odieux. Avec une envie de se venger de tout ce que la vie avait pu lui faire sans qu'il ne le décide. Il n'était pas des plus objectifs avec lui-même, mais il savait à quoi s'en tenir. Il savait ce qu'il pouvait tolérer, et ce qui ne passait pas. Il savait qui comptait et qui n'était que passage dans sa vie. Du moins, pour la plupart. Certaines personnes semblaient ne pas compter au départ et prendre une place plus importante. Sans doute se disait-il parfois qu'il était bien trop humain pour que ce soit rentable pour lui. Mais Satine … Ils se comprenaient depuis qu'ils étaient gosses, sans doute encore plus maintenant qu'avant. Ils avait eu beau traverser l'Europe, elle avait été là également. Et il était fier de voir comme la jeune femme qu'elle était s'en était sortie. Bien mieux que lui, sans aucun doute, malgré la manière qu'il avait de se moquer d'elle. C'était sans doute sa marque de fabrique avec la jeune femme, il ne pouvait décemment pas se passer de lui faire des réflexions, toutes plus ironiques les unes que les autres. Après tout, c'était comme ça qu'ils fonctionnaient. S'approchant de son visage jusqu'à presque le toucher, il continua. «  Oh Satine... ça te ferait trop de bien d'enfin prendre ton pied. Je préfère de loin te voir souffrir de ne pouvoir goûter au plaisir. » S'éloignant de la jeune femme, il rit doucement. Ce qui était bien avec elle c'est qu'il n'y avait aucune espèce de limite. Il n'y avait absolument rien d'ambigu avec Satine, et sans doute cela était-il appréciable lorsque, comme le jeune homme, on profitait des plaisirs de la chair bien trop souvent et avec des partenaires toujours différents, qu'ils soient hommes ou femmes. Malgré tout, ils flirtaient ainsi très souvent, et il en était sûr, l'un comme l'autre n'avait jamais pensé à franchir la ligne qui séparait les paroles des actes. Peut-être parce qu'ils s'estimaient assez pour ne pas commettre cette erreur, caractérisée d'erreur débutante de seconde zone. On ne couchait pas avec ceux que l'on respectait si on ne voulait pas rompre toute chance qu'ils vous respectent en retour. Riant à sa tirade, Sven secoua la tête. Il fallait dire que celle-là, il l'avait bien cherché. «  J'aurais pu acheter un palais pour toutes les y mettre dedans. Et puis niveau blondeur t'es plutôt mal placée pour discourir … Blondie. Tu prouves jour après jour que les blagues sur les blondes ne sont pas des mythes.» Souriant tout en observant la fille sur scène, Sven secoua la tête. Il y avait une seule bonne chose dans ces auditions, et c'était précisément le fait qu'ils se retrouvaient réunis sans personne pour tourner autour et les empêcher de discuter comme ils le voulaient. Rien que pour ça, il pourrait en organiser tous les mois. «  Si tu penses que je suis comme les autres, sweetie, tu finiras par tomber de haut, c'est moi qui te le dis. » Si la conversation avait des tons légers, cela ne dura pas vraiment, ou du moins pas dans le fond. Sven s'était souvent demandé ce qui lui arriverait si une de ses conquêtes tombait réellement enceinte. Il aimait à croire qu'il la virerait sans mot dire et qu'il ne chercherait pas à connaître l'enfant qu'elle portait. Pour ne pas réitérer les erreurs de son propre père ? Peut-être. Par honte de ce qu'il était ? Pourquoi pas. En réalité, le choix qu'il aurait à faire, hypothétiquement, si la situation se produisait, n'avait absolument rien à voir avec la femme qu'il aurait engrossé. Qu'il ait envie de la revoir ou non – plus vraisemblablement non, se connaissant – ce n'était pas là que le problème se posait, et il le savait. Est-ce que son propre père avait eu le choix ? Il ne le pensait pas, et même si ça avait été le cas, il rêvait d'un fils qui prenne sa suite. La vérité était que l'on attendait trop des enfants. Que l'on soit fiers d'eux, qu'on veuille ceci ou cela, ils finissaient toujours par décevoir, et on finissait toujours par devenir les connards que l'on avait jamais voulu être. Cela devait être inscrit dans l'ADN ou une connerie du genre. Mais Viktor avait-il toujours haï celui qu'il était ? Ou s'en délectait-il ? La réponse était évidente, il la connaissait. Son père était sans remords, sans honte. Et Sven savait qu'en cela, il était différent. Il avait trop vécu la douleur et l'humiliation pour l'infliger à n'importe qui. Son père n'avait même pas de scrupules pour sa propre femme, alors son fils … Remarquez, l'infidélité semblait être une affaire de famille, comme si cela aussi était héréditaire. Mais à force de voir son père prendre tout le monde pour des cons, il réitérait. Mais lui avait l'excuse du mariage forcé. «  Si tu le dis. Prions pour que ça marche alors sans que j'ai à dépenser la moitié de mon salaire pour la virer de ma vie. » Attrapant le stylo qu'il avait dans la poche, il signa aux endroits appropriés, sans précipitation mais avec un certain soulagement. Il n'avait aucun pouvoir légal sur Max, mais Satine avait les contacts nécessaires, et se sentir soutenu n'était pas de trop. «  Santé. » Vidant son verre d'une traite, il sentit le liquide lui chauffer les entrailles. Bon Dieu que c'était bon ! C'était un rituel purement russe de tout essuyer avec de la vodka, mais les autres ne savaient pas ce qu'ils loupaient. «  J'y travaille, j'y travaille ! » Attrapant de nouveau son verre tout nouvellement rempli, il but, pour ensuite dévisager son amie, secouant la tête. «  Déconne pas, elle entretient la baraque en attendant, c'est pas Evanna qui va le faire... Et encore moins Shawn. »  

Sven avait tendance à penser que personne ne pouvait comprendre la relation qu'il entretenait avec Satine. Personne ne semblait toutefois avoir essayé, et même ceux qui s'y employaient sans doute en secret n'avaient plus de réponses. Maxine, sans doute, était celle qui voulait le comprendre le plus ardemment. Mais elle vouait une haine tellement profonde envers Satine, qui le lui rendait tellement bien, que rien ni personne n'aurait pu lui faire admettre de la valeur de la blonde. Et on ne pouvait pas dire que le russe essayait, puisque les pensées les plus profondes de sa femme non désirée lui passaient au-dessus de la tête, s'en moquant comme de sa première paire de baskets. Pour les autres ... Sans doute effleuraient-ils la vérité du bout des doigts. Comme lorsque l'on a des parcelles de réponses sans réussir à les coller et les relier entre elles. Leur relation, c'était ça. De l'insouciance, du jeu, de l'humour ... Sur un fond bien plus sérieux. Sven n'ignorait pas être quelqu'un de noir. Il le revendiquait d'ailleurs, prétextant que la meilleure façon d'avoir ce qu'il désirait était par la crainte. Satine avait choisi le désir. Elle pouvait avoir tout ce qu'elle voulait ... En rusant et trompant. C'était sa dynamique. Et ils s'étaient trouvé, deux électrons seuls qui avaient besoin de repères. Et depuis, ils se quittaient rarement. Maintenant qu'ils travaillaient ensemble, ou plutôt qu'il travaillait pour elle, même si ce facteur là ne se ressentait que très peu, ils essayaient de se voir le plus souvent possible, malgré les occupations de chacun, ce qui s'avérait parfois un peu complexe. Mais ils étaient toujours là l'un pour l'autre et ils le seraient toujours. Quoi qu'il puisse se passer, c'était un duo fatal très difficile à briser. Sven aurait bien pensé impossible mais il ne voulait pas non plus tenter le destin pour qu'il relève le défi. A leur duo, il y avait bien des avantages certains, mais aussi des inconvénients. Ils étaient tous deux bien trop extrêmes, bien trop à flirter avec le danger pour penser que ça pourrait leur brûler les ailes. Pas aujourd'hui, certes mais un jour sans doute que leurs joutes verbales et leurs défis à peine dissimulés finiront mal. A quel point, ça personne ne le savait. " Je ne voudrais pas te faire commettre l'irréparable, voilà tout, toi si pure et si innocente ... Et surtout si fidèle." Il se moquait, il se moquait toujours. Bien entendu il était persuadé qu'elle ne restait pas aussi chaste qu'elle le disait. Satine avait toujours été assez intelligente pour ne pas risquer sa fortune et tout de même trouver quelque objet de plaisir, quand bien même elle dût user de toutes ses capacités. Après tout, si ce n'était pas le cas, leur amitié ne rimait plus  à rien ! Après tout, il était lui même le roi de l'infidélité. Il ne pouvait donc pas s'acoquiner de gens fidèles, quel manque d'atomes crochus  ! Souriant à sa remarque, il la regarda de haut. " Sinon tes chevilles se portent-elles bien ou madame voudrait des glaçons pour les faire désenfler ?" La blague sur sa blondeur eut le mérite de le faire rire, mais il continua à secouer la tête, comme s'il venait à peine de se rendre compte à quel point Satine avait un grain. Forcément qu'elle avait un grain, elle n'avait pas encore fui face à lui, c'était forcément dû à son anormalité ... Non ? D'autant qu'elle était la seule à réellement accepter de l'aider pour son mariage, tous ceux qu'il connaissait sinon étant liés d'une façon ou d'une autre à Max ... Shawn l'appréciant plus ou moins, Evanna la haïssant mais étant trop jeune pour donner un avis plus constructif que " vire la elle ne sert à rien" et Lisbeth étant .. Sa meilleure amie. Son seul recours restait donc Satine, qui, en tout professionnalisme, ne pouvait pas se l'encadrer. Faisant jouer ses relations, Satine avait accès à des avocats personnels qui se feraient un plaisir de remiser cette histoire au fond du placard à souvenirs. La faiblesse de Sven était qu'il était attaché à Max, même s'il ne se l'avouait pas. Il n'arrivait pas à réellement la faire souffrir, même s'il aurait bien aimé. Pourquoi, il n'en avait aucune idée, sans doute avait-elle l'air d'un chiot apeuré. Mais il fallait bien que quelqu'un se charge de le sortir de là. Et qui de mieux placé que Satine ? Le Diable s'habille en Prada vous connaissez ? " J'espère bien, c'est pas qu'elle me coûte à crécher chez moi ... Mais à peine." Certes il exagérait, Maxine ne prenant pas la moitié de la place qu'occupait Shawn et Evanna dans l'appartement, se faisant plus discrète qu'autre chose. Mais elle était là, et parfois, ça l'irritait, rien que de la voir dans son lit. Mais ce n'était pas pire que ses autres colocataires qui eux faisaient plus de bruit que tout l'immeuble réunit. Cependant il se contenta de sourire à l'attaque tout sauf subtile de Satine. " Tu gagnes ton argent en te mariant, lui en volant, chacun son business !" Reprenant un verre de vodka, il le but comme s'il s'était agi d'eau. " Faut bien qu'il paie le loyer ... Convenablement, même si le voir en soubrette me tente particulièrement."