- Les sous sont sur le contoire Will' ! J'enfourchais mon sac à main par-dessus mon épaule et je me dirigeais vers la porte de sortie, la laissant quelques secondes entre ouvrir - A demain, courage ! Lançais-je avant de claquer la porte derrière moi. J'expirais un bon coup, la journée était enfin fini, mon Dieu c'que ça pouvait faire du bien, ce soir, comme tous les samedis soir d'ailleurs il y avait beaucoup de monde, je ne sentais plus mes pieds c'est horrible ! Je m'appuyais sur le mur à ma gauche, sortant mon paquet de cigarettes de la petite poche avant de mon sac qui commençait à ternir, ça faisait longtemps que je n'étais pas allé faire les boutiques, aheem... Manque de temps ? Nope j'pense pas, j'en trouvais vaguement l'envie pour tout dire, je me laissais un peu allé ces temps-ci, faut que j'me reprenne sinon j'risque de finir vieille et moche ET célibataire. M'enfin breeeeef, j'en ai assez des séances à la con chez le psy pour que j'en rajoute une couche en me torturant le cerveau de pensées toute plus débile les unes que les autres. J'relâchais la fumée blanche de ma bouche, puis je jetais le mégot à mes pieds et reprit ma route. Ce soir j'avais rendez-vous... Non pas d'rancart non merci, très peu pour moi, Sven m'avait aimablement proposé de passer chez lui ce soir, apparemment sa femme finissait tard le boulot et je lui tenais compagnie, j'avais accepté, pourquoi pas ? Demain je ne travaillais pas, je pourrais faire le gras mat' et puis ça fait quelques jours que je n'avais pas vu Sven, ça ne pouvait me faire que du bien !
Je longeais la ruelle, il habitait qu'à quelques pas de chez moi, pratique hein . Arrivée devant l'immeuble dégradé comme ils l'étaient tous pratiquement du côté de Rosehaie, j'avais mit fin à mes souffrances de pieds ou presque du moins, si l'ascenseur était en panne je sens que je vais lui demander de faire une soirée sur le bas de son immeuble. Une sonnette d'ouverture de porte avait finit par raisonner doucement, j'entrais à l'intérieur, priant pour que l'ascenseur marche, j'appuyais sur le bouton, suspens - Yeees ! Ouuuh la pression est redescendu d'un coup, c'pas que je suis du genre flemmard mais en fait si depuis que j'ai commencé à travailler pour payer mes factures je ne me sens plus l'envie de rien faire, c'est grave quand même non ? ! L'étage demanda s'éclaira, j'étais arrivé à destination, je poussais la dure porte en fer, grinçant d'un bruit sourd, j'avais dû réveiller la moitié de l'immeuble, Sven devait être au courant de ma présence avant même que j'ai pu me présenter. BORDEL. Je ne savais plus quelle porte... Et mon téléphone était éteint, plus de batterie, quelle conne je vous jure. - Bon allez je le fais à l’instinct et puis voilà ! J'avançais vers la porte de gauche, tapant doucement, au moins que j'arrive pas en bombe si ce n'est pas Sven qui se cache derrière cette porte ahah. J'me sentirais mieux quand même si c'était lui, parce que bon passer pour la conne du coin voilà quoi, j'en ai assez fait dans c 'domaine-là je pense bien.

Le bruit d'une explosion, d'un juron, accompagné d'un rire moqueur. Voilà ce qui venait précisément de réveiller Sven, allongé là pour une heure. Sortant difficilement de la torpeur au sein de laquelle le sommeil l'avait plongé, il se leva de son lit. Vide. Pour la première fois depuis deux semaines il pouvait prendre un repos bien mérité, seul. La présence quasi-constante à ses côtés de quelqu'un irritait son côté solitaire, peu loquace. Il voulait de la tranquillité, et il l'avait obtenue, voilà qui était pour le moins inespéré. Max travaillait, ça lui revenait maintenant. Il aurait préféré qu'elle signe ces foutus papiers et qu'elle se paie un appartement mais apparemment, ce n'était pas d'actualité. Alors une journée de repos, ou plutôt une nuit, c'était ce qui pouvait lui arriver de mieux. Avançant vers la salle de bains, il ignora les voix en provenance du salon et prit le temps de se préparer comme il fallait. Ce soir, il avait de la visite. Tous les camés du coin, ceux qui n'avaient de cesse de chercher à fuir leur vie pour s'envoler vers une autre, passer une soirée à se défoncer, boire, danser, coucher. Il s'amusait de la détresse des autres et savait toujours en tirer avantage. Mais s'il ne voulait pas être en retard pour le défilé des paumés, il devait s'activer.

Lorsqu'il eut fini, il ouvrit son placard pour s'assurer que tout était bien en place, et lorsque ce fut fait, se dirigea vers la cuisine, où il retrouva Shawn et Evanna, plantés devant le four, comme ils devaient l'être depuis vingt bonnes minutes, la jeune femme ayant du mal à réprimer son fou rire, et Shawn essayant tant bien que mal de ... De quoi d'ailleurs ? " Il a pété le four. Je crois que la cuisine c'est pas son truc." Répondant à son regard interrogatif, elle put continuer à rire à gorge déployée. De la fumée noire sortait de l'engin, tellement épaisse qu'il en toussa brièvement. " Mec je t'ai déjà dit qu'il fallait que tu trouves des activités à ton niveau non ?" Le regard noir de son meilleur ami accueillit sa réflexion, tandis que sa soeur en rajoutait une couche, pour bien enfoncer le couteau dans une plaie déjà bien ouverte. Sven serait bien resté pour les écouter si seulement il n'avait pas peur de finir asphyxié, aussi il se dirigea sans plus mot dire vers le salon, où il se jeta sur le canapé. Shawn n'était pas adroit de ses mains. Pour tout ce qui s'agissait de cleptomanie, il avait ses aptitudes, mais quand on parlait d'autre chose, il perdait tous ses moyens, et ne savait, en somme, pas faire énormément au sein de la maison. Voilà bien longtemps que le russe avait abandonné l'idée de lui demander participation, mais Shawn s'entêtait, malgré le fait qu'il cassait au moins un truc dès qu'il essayait.

Au bout de quelques minutes, il fut rejoint par sa soeur, qui lui jeta un oeil amusé. Elle était du genre très taquine, et il pouvait être sûr que Shawn subirait cette mésaventure pendant encore des mois. Quittant des yeux la femme pendant une seconde, il observa sa montre. " Ils ne devraient plus tarder maintenant." Souriant à pleines dents, Evanna hocha la tête. " Encore heureux, j'allais commencer à m'ennuyer." Sven sourit, quelques peu ailleurs. Bien qu'il se moquât pas mal de ce que pouvait bien penser Maxine, il sentait que la discussion au sujet du four ne serait pas une partie de plaisir, notamment parce qu'elle pensait qu'ils n'avaient pas les moyens de s'en payer un nouveau. Après tout, ils vivaient dans la Rosehaie, ou personne ne peut rien se permettre. Sauf lui. Mais une partie de l'argent qui rentrait sur son compte était acquis illégalement lors de soirées comme celles-ci, et ça, il évitait de le crier sur tous les toits. Entendant la porte sonner et Shawn ouvrir, il ne prit même pas la peine de se lever. La fête pouvait commencer.

Une heure plus tard, le bruit se faisait quelque peu pesant dans l'appartement, les verres, les rires, tout filait à Sven un mal au crâne pire que pendre. C'est pourquoi lorsque la sonnette retentit une énième fois, le russe se jeta sur la porte, espérant y voir son salut. Et en quelques sortes, ce fut le cas. " Oh Selyse ! Je ne t'attendais plus ! Viens entre." Mais au lieu de la diriger vers la salle bondée et étouffante, il l'attira dans sa chambre, en prenant soin de bien refermer sa porte. " On sera plus tranquilles ici." La faisant asseoir sur le lit, il attrapa un sachet dans son armoire et secoua la poudre blanche devant son nez. " C'est bien pour ça que t'es venue non ?"

J'enlevais mes chaussures devant le palier de la porte, les tenants à la main en attendant l'ouverture de la porte. Du bruit raisonné jusque dans le couloir, la musique, visiblement Sven n'était pas seul, il ne l'était jamais de toute façons alors bon ça ne me changeait pas de d'habitude. Sûrement sa soeur et son dit meilleur ami devaient être là, je ne les connaissait pas plus que ça tous les deux, faut dire que je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de les connaître à part via quelques soirées organisées par Sven sinon rien de spécial. De toutes façons les amis et moi ça fait deux, je ne cherchais pas spécialement à en apprendre plus ou en m'en rapproché, ils étaient là, ont passé un bon moment et basta, chacun reprenait sa petite routine de son côté le lendemain. Un bruit de clef retentit et abracadabra la porte s'ouvrit enfin à moitié, affichant le visage de Sven, il avait l'air de s'être levé depuis pas longtemps, il s'écarta, laissant libre champ pour m'avancer doucement. Je souris, posant mes talons sur le côté de l'entrée. - Sven ! Je vois que ma présence te ravis ahah, je te manquais tant que ça dit moi ?

J'entendais des cris au loin, je distinguais de voix, l'une féminine l'autre masculine, la fumée s'empressa de me monter aux narines, une odeur familière que je connaissais bien, l'odeur de la drogue se faisait sentir immédiatement, je ne m'en plaignais pas vraiment... J'aimais bien cette senteur d'herbe mélangée au tabac. Je regardais vaguement autour de moi quand Sven s'empressa de m'emmener vers sa chambre, passant en coup de vent près du salon, je saluai d'un large sourire les deux chiens et chats qui se battaient pour la télécommande. - Salut vous deux ! lançais-je de loin, il me sourit en retour, lançant quelques vannes douteuses du fait qu'on ne restait pas au salon, je soufflais en levant les yeux au ciel, leur connerie me faisait bien rigoler, ils étaient mignons tous les deux, un peu con mais mignon ! Arrivé dans la chambre de Sven, je laissais tomber mon sac, retirant ma veste en cuir, glissant à son tour jusqu'au sol, Sven était juste derrière. - Je suis MORTE ! Tu n'imagine pas à quel point, j'aurais bien besoin d'un massage des pieds si l'envie te prend prends.. Bien sûr j'étais certaine qu'il ne le ferait pas, je voyais sa réaction d'ici, ce grand macho là, plutôt crever que de me masser ! Ahah mais comme on dit qui ne tente rien à rien non ? !
Je me dirigeais vers le lit, m'allongeant directement, il était rebondissant et bien confortable. Je voyais Sven trifouillait dans son armoire, me doutant de ce qu'il pouvait bien y chercher, j'eut un léger sourire en coin en voyant le pochon plastifié contenant ce que j'attendais depuis ce matin. - Ahah tu commences à bien me connaître dit moi !

À ce moment précis, la porte s'ouvra en grand, une brune se tenait en face de nous, l'air furieuse, à force de froncer les sourcils ça allait lui faire des rides ! Ce n'était autre que la femme de Sven, une pauvre femme... Alala ce qu'elle pouvait être exaspérante avec ses remarques sarcastique pas rôle. Je me levais d'un bond, me tenant à mon tour debout, près du lit, je croisais les bras sur ma poitrine, j'étais à peine plus grande qu'elle de quelques centimètres. - Tu sais, si tu serais un bon coup il n'aurait pas besoin de moi ! Tu ne peux en vouloir qu'à toi-même ma grande ! Plus sérieusement, la différence entre toi et moi ce soit que moi je n'aie pas besoin de montrer mon corps pour gagner mon pain. Pour qui elle se prenait cette pétasse d'ex bourgeoise là à monter sur ces grands chevaux, elle n'a pas encore compris qu'elle était retombé plus bas que terre, alors ces piques à la con elle pouvait bien se les mettre là où je pense. - A part venir dire de la merde tu as quelque chose de plus intéressant à dire ? Ou tu peux retourner de là où tu es venues ? ce n'est pas que tu nous emmerdes.. Quoiqu'en fait si TU nous emmerdes ! Ouais j'étais un peu à cran ces temps-ci, je n'aie plus de cam depuis hier soir, j'allais être sur le point de m'envoyer au 7ème ciel que voilà que Madame joue l'épouse révoltée.

Aujourd"hui, Sven avait besoin de sa dose. Il touchait rarement à sa propre came, ce n'était jamais bien bénéfique aux affaires, mais il ne pouvait le nier. Il était un drogué comme un autre, qui savait se sevrer lui-même lorsqu'il le fallait, pour preuve, il l'avait déjà fait, même si l'expérience l'avait fait souffrir au plus haut point, mais qui avait besoin de sa dose assez régulièrement. Lui ne ressentait pas le besoin d'en prendre tous les jours comme la plupart de ceux qui venaient pour consommer ce qu'il vendait, mais il se devait d'être assez régulier dans ses consommations, où il devenait vite étranger à lui-même. Il avait découvert que son double, comme il aimait à l'appeler de façon assez humoristique, même si la situation n'avait rien d'amusante, apparaissait lorsqu'il était en manque, faible face au besoin, plus bas que terre. Dès qu'une faille apparaissait à l'intérieur du bouclier qu'il s'était construit, l'autre sautait dedans et faisait sombrer Sven dans l'inconscience pour ce qui lui apparaissait comme un quart de secondes mais qui pouvait durer des heures. Et là, il avait besoin de sa dose. Il n'aimait toutefois pas consommer devant les autres, tout simplement parce qu'il préférait garder cette image propre sur lui, même s'il savait que Shawn et Evanna, ainsi que pas mal de leurs "invités", étaient au courant de son statut. Peut-être était-ce pour cela qu'il avait autant d'argent qui rentrait. Comme si les habitants de la Rosehaie pensaient pouvoir s'identifier à lui pour un problème de drogue. On accordait plus souvent sa confiance à quelqu'un qui nous ressemblait, ça avait toujours été le cas. Mais au final, il ne ressemblait en rien à eux. Il était beaucoup plus noir, beaucoup moins sentimental. La plupart des drogués se trouvaient être de grands désespérés, cherchaient quelque part asile chez eux, alors que tous les autres les avaient bannis. Pas lui. Il ne se plaignait pas de sa vie, il avait tout ce qu'il voulait ici, et bien plus encore.

Le russe se concentra de nouveau sur Selyse, à demi allongée sur son lit. Il ricana, tout en secouant la tête. " T'as de l'espoir toi. Mais je suis ni ton masseur ni ton mec alors je passe mon tour. " C'est avec cette réplique qu'il sortit la drogue de son placard, allant se caler dans son lit. Il devait bien avoir une planche quelque part ou glisser la poudre pour ne pas en gaspiller il devrait aller la chercher. Mais avant qu'il ait pu amorcer un seul mouvement, Max entra dans la chambre, furibonde. Sven la regarda, fronçant les sourcils. Il n'aimait pas vraiment quand quelqu'un contrariait ses plans, surtout si ce quelqu'un n'était pas sensé être présent. Même son meilleur ami et sa soeur n'osaient pas rentrer dans la chambre quand il y était avec une cliente, ça voulait dire beaucoup. Mais non contente de les interrompre, la voilà qui lançait des piques à tour de bras, ce qui fit grincer des dents Sven. Mais avant qu'il ait pu la remettre à sa place, Selyse s'en était chargée en bonne et due forme. Ne pouvant retenir un sourire quelque peu froid, il fit mine de ne pas se préoccuper de la situation, posant le sachet sur sa table de nuit pour récupérer, un à un, les billets verts éparpillés sur le lit, toujours silencieux. Lorsqu'il eut finit, il se leva. " Puisque c'est si généreusement donné, je ne vais pas cracher dessus." Croisant les bras sur sa poitrine, il fixa Maxine. Il n'avait jamais été réellement méchant avec elle, brusque parfois, lui faisant comprendre qu'il ne l'aimerait jamais comme elle l'aimait ... Mais pas méchant. Il voulait essayer de le rester un maximum, même si cette situation risquait légèrement de tacher le tableau déjà assez sombre. Avec un soupir, il prit enfin la parole, ses yeux bleus fixés sur elle. " Tu es où là, Maxine ? Actuellement, dans cette pièce, tu es où?" La question était purement rhétorique et sans nul doute allait-il lui imposer une réponse, mais il voulait qu'elle réfléchisse et pour cela, il lui laissa une seconde avant de poursuivre. " Tu es dans ma chambre. Celle que je partage avec toi parce que tu n'as nulle part où aller et que tu n'as pas encore accepté de signer certains papiers, mais rentre-toi ça dans le crâne, c'est MA chambre. Si j'ai envie d'y amener des "putes" comme tu dis, quand tu n'es pas là, j'en ai totalement le droit. " Et accessoirement, il l'avait déjà fait. Pas ce soir bien entendu, mais elle n'était pas la seule à avoir pu voir sa chambre, ce n'était un secret pour personne dans cet appartement ... Mis à part pour elle peut-être. " Je vais pas te dire que tu te trompes, que c'est pas ce que tu crois parce que d'un côté, ce que tu crois, j'en ai rien à foutre, et de l'autre, j'ai pas envie de perdre mon temps. Mais je te prierais de ne plus JAMAIS m'interrompre quand je suis avec une cliente." Sven se retenait, de toutes ses forces . S'il avait suivi son instinct, sans doute que Max aurait fini par terre, la joue en sang. Mais il était plus fort que ça, il était plus fort que lui. Son business, c'était tout ce qui comptait. Si elle l'empêchait d'aller au bout de l'échange, elle allait en souffrir, quand bien même il veuille se retenir

Dès que j'étais entrée et que j'avais apostrophé Sven et l'autre qui se tenaient dans la chambre, la fille s'était levée, avec un air presque outré sur le visage, et croisa les bras. On devait faire la même taille, et elle avait les cheveux d'une couleur semblable à la mienne. Quoique. Un peu plus foncés, peut-être. La tension que je ressentais dans mon corps lorsque j'avais ouvert la porte avec violence disparu instantanément. Non pas que j'ai peur d'elle, ou qu'elle aie réussit à me faire taire, mais j'avais presque envie de rire devant son visage qui devenait de plus en plus outré à mesure que les secondes défilaient. J'étais toujours en colère, mais je le montrais un peu moins. Je paraissais sûrement moins énervée, et c'est avec un certain calme que je répliquais, l'ironie suitant de chacun de mes mots. « En même temps, vu ton état, je suis pas sûre que ton corps te ferait gagner grand chose. Peut-être quelques MST pas trop horribles, avec de la chance. » Elle n'était pas moche, mais je ne lui trouvais rien de spécial. Banale, quoi. Je n'avais pas la prétention de dire que j'étais magnifique, que j'étais la plus belle, et que personne ne m'arrivait à la cheville, loin de là. Mais ça ne m'empêchait pas de la trouver … sans plus. La jeune femme était de plus en plus énervée, limite plus que moi je ne l'étais. J'avais encore plus envie de sourire devant la situation. On aurait dit une enfant prise sur le fait entrain de voler des bonbons, et qui pour ne pas se faire gronder gueulait plus fort encore. Je n'avais même pas envie de lui répondre. J'étais encore entrain de la regarder, faisant l'aller-retour entre elle et Sven, le lit, elle, quand je reposai mes yeux sur le petit sachet tout blanc. Je lui jetais un autre coup d'oeil. Avec le temps, et à force de vivre dans cet appartement qui accueillait plus de junkie que n'en comptait les bars, j'avais appris à reconnaître les drogués qui avaient besoin de consommer régulièrement leur drogue, et qui devenaient irritables, de ceux qui n'en prenaient que pour le fun et qui n'y étaient pas accro. Visiblement l'autre y était accro. Pauvre fille.

Je commençais également à comprendre, alors que Sven ramassait tranquillement mes billets que j'avais jetés à la volée, que je n'avais pas interrompu une partie de jambes en l'air, mais plutôt une petite partie de sniffage. Ce qui n'excluait pas la première partie, mais qui n'était pas prévu dans l'immédiat. Et je commençais à connaître Sven, c'était les affaires, et il ne fallait pas toucher aux affaires. « Détends-toi, chérie, tu vas avoir ta dose, pas la peine de t'exciter. » Le « pauvre fille » devait certainement clignoter en rouge et doré au-dessus de ma tête. En quelques secondes, je venais de décider que je ne l'aimais pas. Ce qui était sûrement réciproque. Mais je me détournais bien vite d'elle. Sven avait fini de ramasser les billets, et je sentais que la situation ne lui plaisait pas. Il ne m'avait jamais frappé, contrairement à pleins d'autres filles. Je pouvais m'estimer chanceuse. Je n'avais jamais reçu un coup de sa part. Tout au plus un mot plus haut que l'autre, mais aucun bleu à mettre sur le compte de Sven. Et je savais qu'il se retenait. Il était assez violent, se le cacher aurait été inutile. Je ne savais pas s'il se droguait – fin, si, il se droguait – mais je ne savais pas si lui aussi était accro à cela ou non. Peut-être que oui, ce qui expliquerait ses pulsions violentes. Peut-être que non. Et si je me contrefichais de ce que pouvait me dire l'autre pétasse, je n'avais sûrement pas la même confiance envers Sven. Généralement, j'évitais d'entrer en conflit avec lui. Toujours, même. Il avait récupéré les billets. Je m'en fichais pas mal. Ce n'était qu'une soirée de boulot, je gagnerais la même somme demain. Pour certaines des filles chaque recette était essentielle car elle payait leur dose de drogue, de clope ou d'alcool – parfois les trois à l fois. Mais j'avais la chance de ne pas être accro à tout cela, et j'évitais d'y toucher ces derniers temps. Ses yeux bleus me fixaient, et je détournais le regard, fixant le sol quelques secondes avant de le regarder à nouveau. Je ne répondis pas à sa question, purement réthorique, cela allait de soi, et le laissait continuer. J'avais de nouveau envie d'exploser, et je grinçais presque des dents. Non pas que le discours de Sven me gênait, enfin si, mais il me gênait surtout parce qu'il se faisait en présence de l'autre pute, et que je n'aimais pas ça. Si j'avais pu la foutre dehors celle là... Je le laissais poursuivre, ne souhaitant pas du tout l'interrompre. J'aurais juste souhaiter rentrer chez moi, trouver l'appartement au calme, sans junkies étalés sur le tapis, à subir les regards noirs de la sœur de Sven. Ouais, j'aurais largement préféré cela. Plutôt que de le retrouver dans cette chambre, avec une fille. Je voyais bien les veines sur ses tempes se contracter, ce qui était un signe chez quasiment tout le monde, et aussi chez lui, d'un énervement assez extrême. Je gardais cependant un visage inexpressif. Je ne semblais ni joyeuse de la situation, ni dépitée. Non, je gardais une expression neutre. Le fait qu'il allait sûrement vendre de la drogue et non pas coucher avec elle aidait sûrement à la situation. Le mot cliente le confirmant. J'ignorais d'ailleurs totalement l'autre fille, désormais. Je pris sur moi, sachant que c'était nécéssaire. « Je suis désolée. Je n'étais même pas sûre que tu étais dans la chambre, et encore moins que tu étais ici avec une … cliente. »