Lost and insecure, you found me.

Le claquement des talons résonnant dans la pièce d'au dessus commençait sérieusement à taper sur les nerfs de Liam qui n'était déjà pas réputé pour sa patience exemplaire. Il jetait des regards exaspérés au plafond, claquait nerveusement de la langue et même si s'agiter dans son coin n'arrangeait pas la situation cela avait au moins le mérite de le détendre légèrement sur l'instant. Le bruit de la porte du magasin le tira néanmoins de ses pensées et il porta son regard vers le nouvel arrivant. James. James était de ces gamins de seize ans, en pleine crise d'adolescence, qui prenait un malin plaisir à passer des heures au magasin essayant de débattre sur des sujets inintéressants sans oublier de ricaner à propos de l'homosexualité prétendue du Morris. Un sale gosse en soit qui ferait mieux d'étudier à l'école plutôt que se croire le futur Bill Gates simplement car il arrivait à se connecter sur Facebook et qui, comme à son habitude, se pavanait entre les rayons en exhibant le dernier Iphone 5S. Liam se retint de lever les yeux au ciel - le client était roi - et l'interpella : "Tu sais gamin je suis le seul dans le magasin, ça sert à rien d'essayer de m'impressionner." Sa seule réponse fut un ricanement éraillé - le pauvre gamin muait depuis qu'il le connaissait, c'en était pathétique - qui fit grimacer l'irlandais : avait-il vraiment été aussi con étant jeune ? Il était quasi persuadé que non, il n'était pas cette espèce de chose arrogante qui pensait que le monde lui appartenait et lui était redevable. Les parents de James devaient être sacrément absents pour avoir oublié ainsi de donner une éducation à leur fils.

Les bruits à l'étage reprirent de plus belle mais cette fois les pas étaient précipités et une voix se faisait plus forte que l'autre, ce qui ne présageait rien de bon. Liam se dirigea rapidement vers la sortie du magasin, non sans lancer auparavant à James : "Je fais l'inventaire tous les soirs, je sais où tu vas en cours, me voler un truc n'est pas une bonne idée. Du tout." L'entrée de l'immeuble menant à l'appartement du dessus était adjacente à celle du magasin et Liam ne se gêna pas pour entrer. Une fois devant la porte du logement en question, alerté par les sons plutôt inquiétants, il ouvrit la porte sèchement, espérant ne pas arriver au milieu d'un jeu un peu pervers entre deux adultes consentants. A priori il venait d'entrer dans un studio de photographie des plus banals, des projecteurs de lumière, un store blanc en fond, du matériel sûrement coûteux disposé un peu partout. Lui tournant le dos se trouvait l'homme qu'il présuma être le photographe, le bras en arrière comme s'il allait frapper la jeune femme qui semblait en position de faiblesse devant lui, sans doute la modèle. Comment arrivait-il à se trouver toujours dans des situations pareilles, Liam avait depuis longtemps arrêté de se poser la question, mais en l'occurrence c'était peut-être une chance qu'il ait décidé de monter engueuler son voisin trop bruyant, vu les marques rouges autour des poignets de la jeune femme et ses cheveux sans dessus dessous, elle avait eu droit à autre chose qu'un portait A4 en couleur ; l'effet de surprise aidant, le type détourna son attention de la jeune femme, choqué d'être dérangé en plein milieu de son affaire sordide. Ce fut sans réfléchir et en marmonnant un "foutu taré, putain..." que Liam se retrouva à tirer le bras de l'homme en arrière dans une clé de bras approximative et l'envoyer valser contre les trépieds des projecteurs. La Rangers de son pied droit eut l'honneur de rencontrer les côtes du photographe à deux reprises, finissant de le dissuader de se relever si jamais il en avait eu l'idée. Il se positionna entre celui-ci et la jeune femme, levant légèrement les mains comme pour lui montrer qu'il ne comptait pas lui faire de mal. "Désolé pour le spectacle, vraiment.. ça va ?" Il jeta un coup d'oeil rapide au type recroquevillé : il aurait pu culpabiliser mais les faits lui prouvaient que les intentions du photographe n'avaient rien de louables. Liam devait virer le parasite d'ici et emmener la jeune femme à l'abri au magasin.

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La journée avait bien démarrée. Sven n'avait pas été particulièrement de mauvaise humeur, je n'avais pas croisé sa sœur, et je ne m'étais pas disputée avec son colocataire/meilleur ami/etc. De plus, c'était aujourd'hui que j'avais un shooting photo. Un client du Mystic, un homme qui semblait toujours bien sur soit et qui était toujours très respectueux avec toutes les filles, m'avait proposé de faire cette séance photo, en échange de quelques billets. Photos qui pourraient me servir si jamais je me lançais dans le mannequinat, mais qui avaient pour but premier de figurer dans un magasine pour une marque de vêtements. Je m'y étais donc rendu, à l'heure prévu. Son studio photo se situait dans le Thistle, quartier très actif avec toujours du monde, à n'importe quelle heure. Et il ne se trouvait pas dans une petite ruelle sombre, ce qui aurait fait glauque et m'aurait un peu rebutée. Non, il se situait à côté d'une boutique d'informatique tout ce qu'il y avait de plus normale. Je dois bien dire que j'avais été rassurée en voyant ce coin tout à fait banal d'un quartier très animé. Mine de rien, les clients de Mystic n'étaient pas tous des anges, et n'avaient pas tous des professions des plus attrayantes. Mais tout s'annonçait pour le mieux.

J'avais donc poussé la porte, gravit les escaliers, et sonné à la porte de l'entrée du studio. C'était un grand et beau studio, lumineux, avec des toiles blanches et vertes de partout, des projecteurs qui envoyaient une lumière presque agressive, des portants pleins de vêtements... J'avais été accueillie avec le sourire, il m'avait présenté une tenue que je devais enfiler, et le shooting avait démarré.

Je me trouvais donc actuellement perchée sur des talons hauts - très hauts - noirs, et une robe corail très jolie. Le photographe - Maxime de son petit prénom - m'indiquait les poses qu'il souhaitait me voir prendre, les regards que je devais faire, sourire ou ne pas sourire, etc. La séance se passa, et au bout de deux heures, Maxime annonça la fin du shooting. Je retournais dans les vestiaires pour me changer, quand il toqua à la porte et entra, son appareil photo à la main. " Ça te tente, une petite séance photo ... privée. " Je le regardais, mon tee-shirt à la main, sans bien comprendre. Il s'approcha, me plaquant presque contre le mur, sa main qui ne tenait pas son appareil photo caressant ma joue. Un frisson de dégoût et de peur me parcouru. Je le repoussais violemment, le faisant vaciller. " Ça va pas non ? J'attrapais vivement mon sac à main et sortit des vestiaires le plus vite possible - ce qui n'était pas évident avec des talons. Mais Maxime s'était ressaisit. Il m'attrapa le poignet et me le tordit, me forçant à lui faire de nouveau face. " Petite pute. Tu crois vraiment que tu peux me refuser ça ? Je sais que tu en as envie, salope." La douleur était lancinante, mais encore tolérable. Je balançais mon pied dans son entre-jambe, manquant de peu ses parties intimes, mais cela lui fit quand même lâcher mon poignet. Malheureusement il reprit vite ses esprits, et balança son poing sur mes tempes, me faisant tomber par terre. La douleur était plus forte, et fit couler quelques larmes sur mes joues. J'avais l'impression que mon crâne allait exploser, je n'imaginais même pas qu'on puisse frapper quelqu'un avec tant de violence. Je sentais les mains du photographe baisser mon pantalon, et parcourir mon ventre avec ferveur. J'avais envie de me débattre, de le frapper, mais il me tenait à nouveau le bras, m'empêchant de faire les mouvements que je voulais.

Je voyais tout flou, mais je reprenais un peu mes esprits. Assez pour voir que la porte venait de s'ouvrir et qu'une silhouette avait fait son apparition. J'imaginais immédiatement que c'était un de ses collègues, venu participer aux réjouissances, mais il s'avança vers Maxime et le projeta en arrière, contre son matériel photo. Je ne réfléchissais plus comme d'habitude : je n'avais qu'une idée en tête, quitter cet endroit. Je vis plus ou moins l'homme frapper deux fois le photographe, qui était à terre et qui le resta. Je remontais mon pantalon, passait mon tee-shirt, attrapait mon sac à main, prête à partie. L'homme qui venait de me sauver n'avait pas l'air menaçant, mais je ne me sentais pas de faire confiance à qui que ce soit. Pourtant, il se plaça devant le photographe, pour que celui-ci ne puisse pas refaire le moindre geste, et leva les mains, comme pour dire qu'il n'allait rien me faire. Je me détendis, imperceptiblement. Et je sentis également que j'avais les joues trempées par mes larmes. "Je..." Même ma voix n'avait plus la force d'émettre le moindre son. Je me contentais alors de hocher la tête. J'avais juste envie de fondre en larme et de me recroqueviller sur moi même, dans un coin.

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C'était bien la première fois que son impatience avait actuellement été utile. Qui sait ce que ce pauvre malade aurait pu faire si personne ne l'avait interrompu. La situation ne laissait pas la place au doute, malheureusement, le photographe devait faire partie de ces pervers profitant de leur force physique, des porcs en soit. Liam avait beau être con sur certains sujets, jamais il ne trouverait d'excuses à un quelconque violeur : ils étaient des hommes, pas des animaux, c'était dingue d'en arriver à devoir rouer de coups un mec incapable de garder son pantalon. Si la jeune femme avait été dans les vapes, l'irlandais aurait mis à profit ses années à fréquenter des têtes brûlées pour finir de dissuader le type de recommencer, mais elle devait être assez choquée pour ne pas en voir plus. Elle semblait d'ailleurs sur le point de craquer à tout moment, ce qui était compréhensible en soit. Liam eut le temps de se demander si d'autres filles étaient passées dans ce studio sans qu'il ne le sache avant de se forcer à se concentrer sur le moment : il était venu et avait joué les gros bras, super, mais maintenant il devait faire quelque chose. Les mains toujours un peu levées pour montrer qu'il était inoffensif, le Morris se sentait bien incapable d'agir correctement, il avait détourné le regard alors qu'elle remettait convenablement sa tenue - il sentait l'énervement remonter, vraiment, ce type était une sacrée pourriture - et il se demandait comment elle n'avait pas encore fuit à toute vitesse. "On va sortir d'ici, ça va aller. Je travaille dans la boutique en bas, viens te poser cinq minutes ?" C'était une fausse question en fait, il n'avait pas l'intention de la laisser repartir seule comme s'il ne s'était rien passé. Certes il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il devait faire pour permettre à la jeune femme de se sentir mieux, mais il pouvait au moins l'inviter à se reposer avant de lui proposer d'appeller quelqu'un pour venir la chercher.

Il avisa l'agresseur qui avait soit la sagesse de rester immobile, soit était dans les vapes avec ses quelques côtes cassées - les os étaient fragiles, ses bottes ne l'étaient pas - mais qui dans tous les cas avait la bonne idée de ne pas broncher et n'avait pas l'air d'esquisser un mouvement de fuite. Sentant que les forces de la jeune femme n'allaient pas la porter jusqu'à la boutique, Liam prit les devants et se positionna à ses côtés. "Laisse moi t'aider, attends." Il se montra assez doux pour ne pas la faire flipper mais également ferme pour qu'elle ne puisse pas refuser son aide - quoiqu'une fois l'adrénaline retombée elle devait sûrement se sentir trop fatiguée pour protester - et posa son bras autour de son corps mince, autant pour la soutenir que pour lui rappeler que la scène d'horreur était terminée. Il ressera légèrement son étreinte alors qu'ils dépassaient le photographe, il ne savait pas encore ce qu'ils devaient faire de lui, il évoquerait son cas plus tard : pour le moment il devait juste la conduire loin de lui. La guidant d'abord hors du studio, ils retournèrent ensuite dans la boutique qu'il avait laissée sans surveillance.

Evidemment il retrouva James, le gamin qui avait élu domicile dans les rayons et dont la curiosité était piquée par le retour du Morris sur lequel s'appuyait une inconnue, mais cette fois Liam n'avait pas envie d'être patient. "Fais moi plaisir James, fous le camp d'ici." ordonna t-il sans ménagement à l'adolescent qui ne se fit pas prier pour déguerpir. Finalement il était obéissant quand il le voulait, ou bien c'était le ton sans équivoque de son aîné qui l'avait convaincu de ne pas abuser sur ce coup. En tout cas, cela laissait Liam tranquille avec son inconnue, qu'il invita à s'assoir sur une des chaises du magasin avant de s'installer à proximité. "Ok alors.. je m'appelle Liam. Et toi ? J'aurais préféré te rencontrer dans des circonstances différentes, je peux te l'assurer" confessa t-il pour essayer de détendre un peu la jeune femme. "Je sais pas trop ce que je peux te proposer pour que tu te sentes mieux. Je dois avoir une tablette de chocolat si tu veux et.." Il gigota vaguement sur sa chaise pour extirper un paquet de mouchoirs de la poche de son slim. "de quoi t'essuyer les yeux." termina t-il en lui tendant le paquet. Personne ne lui avait appris à se comporter avec quelqu'un qui vient d'échapper à une agression, alors Liam faisait avec les moyens du bord : c'était maladroit mais ça avait le mérite d'être sincère.

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Mon regard glissa malgré moi vers le photographe, qui n'avait pas bougé depuis que l'homme était intervenu. J'espérais sincèrement qu'il ne s'en remettrait pas de sitôt. Et que plus jamais il ne viendrait poser les pieds au club de strip-tease. Une pensée fugace me traversa : et si d'autres filles, avant moi, étaient venues ici ? Et si elles n'avaient pas eu autant de chances que moi ? Je grimaçais. J'avais soudainement envie de lui donner un coup de pied bien mérité dans la machoîre. Mais je tremblais tellement que je risquais sûrement de manquer ma cible et de m'étaler par terre, lamentablement.

L'autre type avait toujours les mains légèrement levées, comme pour montrer qu'il n'allait pas me faire la même chose. J'étais peut-être une pure idiote après ce qui était arrivé, mais j'avais envie de lui faire confiance. Après tout, s'il avait voulu, il aurait déjà pu m'assomer pour profiter de moi. Ce qu'il n'avait pas fait, se contentant de parler tout doucement et de ne pas trop m'approcher. Ce dont je lui étais assez reconnaissante, car j'avais l'impression que le moindre contact allait me faire fondre en larme.

Je hochais la tête, acceptant sa proposition. Je n'avais qu'une envie : partir d'ici le plus vite possible. Et puis une boutique était beaucoup plus fréquentée qu'un studio de photographe, où l'on ne rentrait que sur rendez-vous. J'essayais de me rassurer, inutilement. J'avais déjà pleinement confiance en l'homme qui était venu à mon secours. Je finissais de récupérer mes affaires, préférant rester pieds nus que de remettre mes talons, que je fourrais dans mon sac. Je ne me sentais vraiment pas de marcher avec dix centimètres sous mes pieds. J'avais déjà du mal à rester debout en étant pieds nus. L'homme qui était venu à mon secours du le remarquer, car il se rapprocha de moi. Je sentis un léger tréssaillement parcourir mon corps, mais je ne bronchais pas. Je savais qu'il ne me voulait pas de mal, mais j'avais un peu plus de difficulté à le faire comprendre à mon corps, qui étaient encore fixé sur l'agression que je venais de subir. Il passa son bras sur ma taille, juste pour me soutenir afin que je ne m'écroule pas dans les escaliers ou devant sa boutique. « Merci. » J'esquissais un petit sourire, timide, tout ce dont j'étais capable en ce moment.

Après la peur, venait la fatigue. Tous mes muscles, que j'avais gardés contractés entre le début de l'agression et maintenant, se relâchait, et je me sentais épuisée. Nous quittâmes le studio, ce qui me soulagea instanténement, et il me guida jusqu'à sa petite boutique, dans laquelle se trouva un gamin, un adolescent qui devait à peine avoir seize ans. L'homme lui ordonna de partir, ce que le gamin fit aussitôt, sans poser la moindre question. J'ignorais son regard intrigué. Il devait sûrement se demander ce qu'il nous était arrivé. Mais il ne dit rien et disparu dans un dernier « ting » de la porte d'entrée. L'homme me présenta une chaise, sur laquelle je me posais avec joie. Mon lit aurait été parfait, entre toutes les solutions possibles, mais une chaise, c'était déjà très bien. Il s'était assis sur une autre chaise, en face de moi, et semblait gêné, comme s'il ne savait quoi faire. Ce que je pouvais comprendre. Ça ne devait pas arriver tous les jours de sauver quelqu'un d'un... d'une agression.

« Moi c'est Maxine. Max, plutôt. » Je lui adressais un nouveau sourir, un peu moins timide que le premier, cette fois-ci. Je voyais bien qu'il essaie de me détendre et de me faire oublier ce qu'il venait de se passer. Et pour ça, j'avais envie de lui dire mille fois merci. Sa proposition me fit rire, légèrement, et mon ventre répondit à ma place. A l'énonciation du mot « chocolat » il s'était mis à gargouiller, comme si je n'avais pas mangé depuis des semaines. Et je me rendais compte que j'avais très faim. J'acceptais le mouchoir qu'il me donna, en profitant pour essuyer mes yeux. Le rose m'étais monté aux joues, je n'avais aucune envie d'abuser de sa gentillesse. « Je ne voudrais pas abuser de ta gentillesse mais... » Mon ventre manifesta à noveau son mécontentement, et je rigolais franchement. « Mais j'avoue que je ne serais pas contre un peu de chocolat... »