Gadreel, allongé par terre, ses mains glissés derrière sa tête, inspire lentement les derniers embruns printaniers qui flottent autour de lui, comme un sanctuaire inviolable. Loin de la civilisation, sur son propre nuage flottant, à des lieux de son univers amorphe. Pour une fois, il se sent bien avec lui-même. Chose rare quand on voit la perpétuelle bataille qu'il se livre au fil des jours pour ne pas simplement déployer son lot de cruautés sur ce vaste quartier qu'il ne peut voir en peinture. Derrière ses beaux costumes, son sourire colgate et sa bonté que beaucoup qualifient d'inné, il n'en reste pas moins qu'il voue à cet endroit une haine sans fin. Représentant tout ce qu'Uriel était et bien plus encore, ce qu'il aurait été sans cette nuit de Décembre. Ses sourcils se froncent et ses pensées s'envolent dans une chevelure rousse, dans un parfum hypnotisant et dans des prunelles envoutantes. Les siennes, toujours. Son faible pour les rousses s'est révélé bien plus important depuis son retour, depuis qu'il peut la voir sans l'avoir. Un manque irrépressible que ses mains traduisent par un tremblement léger, que son coeur soumet par ses battements rapides et que son corps lui apporte par des frissons aussi agréables que désagréables. La jolie rousse dont il a toujours besoin. Une musique soudaine vient résonner, le coupant de sa rêverie. Fixant son téléphone, la photo d'un Lloyd a moitié endormi le couvre à moitié, suivi par un message des plus animés, lui tirant un sourire en coin. "Ne pas oublier la soirée de ce soir" est, en gros, le résumé de ce message. Comment l'oublier, ils en ont tellement parlés que Gadreel a l'impression de l'avoir déjà vécu. En plus de son compatriote, les deux jeunes gens vont retrouver Gaïa dans son manoir. Leur ainée, la belle mystérieuse dont il n'arrive pas à trouver ce qui l'intrigue tant. Un détail, surement. Toujours est-il qu'il a trouvé en ses deux là un lien inattendu, inexpliqué. Une amitié que beaucoup envient par leur originalité et que beaucoup n'ont pu s'imaginer. Lui même aurait pu trouver l'association de ses noms d'un ridicule abhérant. Applewood-Riley-Oswald. Cependant, et à bien des égards, le brun est heureux de s'être trompé, trouvant en ses deux personnes des alliés, des amis. Ironique quand on connait Gadreel. S'étirant lentement, il amorce sa descente vers sa villa, afin de récupérer son bien, la seule pensée faisant grogner son estomac d'impatience.

Habillé d'une simple chemise blanche et d'un jean, Gadreel se dirige lentement vers la maison de Gaïa, un paquet de cookies à la main. A bien y réfléchir, il n'a jamais su résister à la tentation. Surtout quand il s'agit de cookies fait maison par ses soins. L'odeur l'enchante et ses doigts se referment sur le précieux met, n'en faisant qu'une bouchée. Il esquive les cyclistes, saluant les gens qu'il connait, sifflotant un air d'une série B presque joyeusement. Autant l'avouer, la perspective de retrouver son duo préféré l'enchante grandement. Un peu de calme après la tempête Banzaï, le chiot que son frère a jugé bon de ramener chez eux. Cette boule de poil que le brun a du accepter sans réellement avoir le choix. Autant le mettre sur la table du salon et l'accrocher comme peau sur le sol, ça fera tout de suite plus joli. Un sourire mauvais aux lèvres, ses yeux s'arrêtent sur la demeure des Applewood. Gadreel s'approche et se poste devant la porte après s'être fait connaitre, ses yeux glissant sur le paquet de cookies... au 3/4 vide, les miettes de chocolat gisant sur ses lèvres et sa chemise. Une légère teinte rouge au visage, le brun se passe une main dans les cheveux et soupire, ne pouvant guère contenir un rire. Le visage de Gaïa apparaît face à lui. Il tend le paquet, le rouge n'ayant pas quitté ses joues. Hey... Ça devait nous faire toute la soirée mais faut croire que mon estomac est plus fort que ma raison... Je peux quand même rentrer ? Il sourit innocemment, prenant son expression la plus enfantine, sachant pertinemment que la blonde ne tombera pas dans le piège, sa technique étant trop rodée. Gadreel se repasse une main sur le crâne et inspecte la pièce derrière elle. Lloyd est déjà là ? J'espère que vous n'avez pas commencé quoi que ce soit sans moi, j'en serai fortement navré. Le sous-entendu gisant dans l'air, il se glisse dans le manoir tout en prenant ses aises, comme le jeune homme a pris l'habitude de le faire.